2000
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Albert Broder, « Les investissements internationaux européens. Réflexions sur la valeur analytique des quantifications », Revue économique, ID : 10.3406/reco.2000.410510
Le but de l'article consiste à modifier les perspectives de l'étude de l'investissement international au XXe siècle à partir de l'évolution des trois investisseurs majeurs à la veille de la première guerre mondiale : le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. La première partie essaie de faire le point de la situation des capitaux extérieurs de ces trois puissances au lendemain du conflit et de tenter, dans la limite des données disponibles, de mesurer leur évolution entre les deux guerres et de faire le point en 1938. Une nouvelle époque s'ouvre en 1954 au cours de laquelle la nature de l'investissement international se modifie profondément. À une phase de stagnation au niveau très bas que justifie l'état financier des nations intéressées jusqu'aux années soixante, succèdent une reprise et une accélération du mouvement des capitaux. La nature de ces derniers, la remise en question des industries, l'internationalisation des entreprises et des flux financiers, la véritable révolution dans les technologies financières, l'irruption de nouveaux modes d'investissement à partir des années soixante-dix confirment le caractère obsolète des tentatives de mesure par nation ou de définition des rapports de puissance à partir de quantifications de plus en plus fugaces et éloignées des réalités. La conclusion porte sur la nécessité pour l'historien de revoir ses représentations, de définir de nouvelles problématiques afin de disposer d'instruments conceptuels dynamiques adaptés à une réalité plus que jamais changeante. Ces nouvelles problématiques devant permettre de réappréhender le passé en incluant dans les analyses historiques le caractère international de certains mouvements de capitaux passés, les investissements immatériels (brevets, marques) importants dès les débuts du XXe siècle et de sortir du cadre idéologique étroit tracé par les économistes anglo-saxons de l'entre-deux-guerres et de l'école française des relations internationales.