1995
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Kimseyinga Savadogo et al., « Mécanisation et offre agricole dans le Sahel : une analyse de la fonction de profit des exploitations agricoles », Revue d'économie du développement, ID : 10.3406/recod.1995.923
Cet article exploite des données d'enquête concernant les paysans burkinabés afin d'estimer, à partir d'une approche par la fonction de profit, la réponse de l'offre des ménages agricoles aux variations des prix et des facteurs autres que les prix, pour chaque culture et pour l'offre agrégée. L'échantillon est d'abord découpé par zone agro-écologique puis ensuite, par une partition endogène, en ménages disposant de la traction animale et en ménages manuels (recourant à l'outillage manuel). Trois conclusions principales en découlent. D'abord les résultats vont à l'encontre du pessimisme actuellement répandu concernant la capacité de l'agriculture sahélienne à répondre à de meilleures incitations (comme celles engendrées par la récente dévaluation du franc CFA) -en particulier pour les cultures de rente. Deuxièmement, l'offre totale répond positivement aux augmentations des prix des cultures de rente actuellement commercialisées (coton et maïs) parmi les ménages à traction animale de la zone guinéenne où les conditions climatiques sont les plus favorables -ce qui écarte la crainte de voir l'augmentation des prix se traduire uniquement par un phénomène de substitution entre les cultures. Troisièmement, la réponse en niveau, des cultures de rente et de la production agrégée, est d'autant plus élevée que les facteurs autres que les prix sont favorables -en particulier dans la zone agroclimatique favorable et pour les ménages recourant à la traction animale et aux engrais. La réponse de l'offre est plus limitée dans les zones où les conditions climatiques sont moins propices et pour les ménages utilisant une technologie basée sur l'outillage manuel. Les résultats mettent en exergue la plus grande flexibilité des paysans disposant de la traction animale à répondre aux incitations économiques pour le coton et le maïs. Les bailleurs de fonds et les programmes gouvernementaux visant à promouvoir la traction animale et les engrais peuvent -à travers la formation du capital agricole -réduire les contraintes structurelles qui limitent la réponse des paysans aux incitations macro-économiques.