2008
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David-Artur Daix, « « Il(s) frappai(en)t à la ronde »: Remarques sur la signification de l’adverbe ἐπιστροφάδην dans les épopées homériques », Revue des Études Grecques, ID : 10.3406/reg.2008.7980
L’adverbe ἐπιστροφάδην, « en se tournant de tous côtés, à la ronde » , est d’un emploi assez rare dans la diction homérique. On en trouve deux occurrences seulement dans l’Iliade : Diomède dans la Dolonie « tuait à la ronde » Rhésos et ses Thraces (κτεῖνε δ’ἐπιστροφάδην : X. 483)∞∞ ; Achille lors de son aristie « frappait à la ronde » les Troyens (τύπτε δ’ἐπιστροφάδην : XXI. 20). Deux autres dans l’Odyssée peignent avec les mêmes formules (τύπτον δ’ἐπιστροφάδην : XXII. 308 et κτεῖνον δ’ἐπιστροφάδην : XXIV. 184) le massacre des prétendants par Ulysse et ses trois compagnons. Dans son livre Ulysse polutropos, Pietro Pucci rapproche ces emplois et montre comment, grâce au jeu formulaire, Ulysse, au terme de son épopée, mime les héros iliadiques, l’homme aux milles ruses devenant, le temps de sa vengeance, un champion de la force. Reste pourtant une cinquième et dernière occurrence à expliquer∞∞ : dans l’Hymne homérique à Hermès (210), l’adverbe ἐπιστροφάδην sert à décrire la fuite « en tous sens, tournoyante, tourbillonnante » et pleine de fourbe qu’entreprend le jeune dieu qui vient de voler les vaches d’Apollon. Le mot n’appartient pas ici au domaine de la force martiale : βίη, mais à celui de sa grande rivale, l’idée : μῆτις. Comment, dès lors, concilier ces emplois apparemment contradictoires ?