1976
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Antoinette Fink-Langlois, « Émancipation et conversion. Deux aspects de l’histoire des Juifs d’Allemagne (1769-1799) (suite et fin) », Recherches Germaniques (documents), ID : 10.3406/reger.1976.951
Bien que le principe de la conversion des Juifs ne semblât plus avoir beaucoup de défenseurs à la fin du XVIIIe s., ce thème n’en joua pas moins un rôle appréciable dans les débats que déclenchèrent les projets du Conseiller Dohm et de ses émules, les édits de tolérance de Joseph II ou les négociations que le gouvernement de Frédéric-Guillaume II engagea avec les communautés juives de Prusse en vue d’une révision de leur statut. En effet, devant aboutir à une émancipation politique des Juifs, non seulement ces divers projets ou réalisations suscitèrent autant de critiques que d’espoirs, mais, que ce soit à propos de la citoyenneté ou des rapports entre les deux communautés, ils permirent au thème de la conversion de se réinfiltrer dans un débat à base politique ou sociale, voire culturelle, lorsqu’on évoquait les mutations que les nouveaux statuts entraîneraient pour les Juifs. Alimentée par l'optimisme des uns et le conservatisme des autres, cette polémique reflète souvent le clivage qui se faisait jour dans la pensée politique de l’époque et elle trahit plus d’une fois les hésitations que fit naître, même chez des réformateurs, la perspective de voir modifié le rapport des forces entre chrétiens et Juifs.