1983
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Jean-Marie Paul, « La philosophie de l’inconscient (1869) de Eduard von Hartmann . Une œuvre dans son temps », Recherches Germaniques (documents), ID : 10.3406/reger.1983.1042
Eduard von Hartmann n'est resté célèbre que comme épigone de Schopenhauer. Dans La Philosophie de l'inconscient Hartmann proclame un pessimisme radical et appelle de ses vœux l’anéantissement du genre humain qui serait obtenu grâce à une décision prise en commun par la partie la plus éclairée de l'humanité. Hartmann ne doute pas néanmoins de la fatalité du progrès et il affirme que l'aspiration au bonheur est une tendance naturelle et irrépressible de l'homme. Mais cette aspiration est absurde : le désagrément l'emporte toujours sur le plaisir. La tâche la plus noble de la morale est de combattre et d'anesthésier l’hédonisme. La conscience doit amener l'inconscient à travailler à son propre anéantissement. Malgré ce nihilisme, Hartmann a été un miroir fidèle de son temps, un défenseur passionné du «Kulturkampf », qui a participé à tous les débats sur la religion. Ennemi de la religion et protestant athée, nihiliste et nationaliste prussien, héritier d'une pensée qui croit naïvement au progrès et précurseur des idéologies qui désespèrent de la civilisation, Hartmann représente dans son système tous les courants antagonistes du XIXe siècle, sans jamais parvenir à une synthèse satisfaisante.