1991
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Astrid Starck, « Geschwister Tanner de Robert Walser ou le roman du regard », Recherches Germaniques (documents), ID : 10.3406/reger.1991.1134
Analyser le roman de Robert Walser sous l'optique du regard, c’est entrer dans sa logique et tenter de lui conférer un ordre. En effet, l’importance accordée à la vue, à la perception, à l’observation, au rêve et aux arts visuels, nous permet de penser que le regard constitue une des clés d’interprétation du roman. Muet, mais non pas silencieux, il opère une lecture immédiate, échappant à l’écriture, sclérosante. Médiatisé par le langage, il ne peut être absorbé par lui car il appartient au non-dit. Aussi peut-on y lire une intention de l’auteur. Simon, le principal protagoniste du roman, joue le jeu du regard : le rendant multiple et protéiforme, il lui confère une dimension subversive, celle de l'instant, véritablement humain. La nature humaine est prise au sens littéral : c’est là que le regard s’autonomise et qu’il devient ainsi présence, car vision complémentaire. Le but à atteindre, c’est la double-vue : Simon l’acquiert grâce à un rêve instaurant la conciliation des contraires. Elle lui permet le renversement des non-valeurs et l’affirmation de la dérision. En cela réside sa liberté en même temps que l’originalité de l’auteur.