1994
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Benjamin Biebuyck, « Nietzsche und die Metapher: zwanzig Jahre später », Recherches Germaniques (documents), ID : 10.3406/reger.1994.1167
Nietzsche et la métaphore : vingt ans plus tard (D) Plus de vingt ans après la publication de l’importante étude de Sarah Kofman, Nietzche et la métaphore (1972), la relation entre l’auteur du Zarathustra et son style métaphorique mérite encore l’attention de la critique littéraire. Il faut pourtant que celle-ci construise d’abord un modèle efficace de la métaphore littéraire, ce qui jusqu’à nos jours ne fut pas encore réalisé. Cet article espère combler cette lacune ; les concepts “interruption”, “aliénation”, “valoriser interprétativement” et “attrait de la mort” fonctionnent ici comme points de départ. L’essentiel de l’événement métaphorique réside dans la tension interactive entre un énoncé déstabilisant et son lecteur interprétant ; la métaphore renverse en effet les rapports des activités littéraires : le texte se tait, le lecteur prend la parole. L’analyse d’un système exemplaire de figuration (à savoir l’ensemble des métaphores maritimes dans Ainsi parla Zarathustra) semble renforcer cette présomption : on pourrait même prétendre que les différentes métaphores maritimes ne dévoilent pas seulement le fonctionnement stratégique du livre, mais qu’elles remettent aussi en question la position initiale de la théorie de la métaphore. Il en résulte une réflexion critique sur la tâche du lecteur, qui à son tour est redéfinie. Graduellement il s’avère que le Zarathustra de Nietzsche possède sa propre théorie poétique de la figure, qui oppose au mot corrompu la libération de la parabole suggestive. Cette théorie pourrait ainsi donner lieu à une description globale de la théorie de la figure dans les œuvres nietzschéennes des années quatre-vingt.