1980
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Michel Abitbol, « Le Maroc et le commerce transsaharien du XVIIe au début du XIXe siècle. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, ID : 10.3406/remmm.1980.1887
II est couramment admis que la conquête du Soudan occidental par l'armée d'al-Mansûr, en 1591, provoqua le déclin puis le tarissement du commerce transsaharien entre le Royaume chenfien et la Boucle du Niger. Les données fournies par les chroniques soudanaises et par les rapports consulaires du utilisées dans cet article remettent en question cette théorie, elle-même sous-tendue par une autre idée-force : l'instauration de l'anarchie à la suite de l'effondrement de l'Empire songhai et l'incapacité des conquérants marocains à créer, sur les bords du Niger, un Etat puissant. En fait, l'instabilité politique qui s'installa par moments dans la région ne fut guère préjudiciable à l'écoulement du trafic qui continua, et augmenta même en valeur, jusqu'à la première moitié du XIXe siècle: les structures ethniques, sociales et religieuses des populations de la zone sahelo-soudanaise purent pallier, sans grande difficulté, les insuffisances et les faiblesses de l'organisation politique. Ce qui changea inexorablement, à partir de la fin du Moyen-Age - l'Age d'Or du commerce transsaharien - fut non pas le volume ni la variété des échanges de part et d'autre du Grand Desert, mais plutôt la portée économique globale du commerce transsaharien sur les perspectives de développement des peuples et des régions qui y étaient engagés.