1996
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Dick Hebdige et al., « Système du mod », Réseaux. Communication - Technologie - Société, ID : 10.3406/reso.1996.3801
Le début des années soixante va permettre d'observer une modalité nouvelle des sous cultures propres aux jeunesses populaires : les « mods ». Ils se singularisent par une élégance vestimentaire spécifique, à la fois « propre » et provocatrice, jouant d'une forme d'inversion parodique des conventions sociales. Le style mod emprunte aussi aux mythologies de la délinquance, au style des communautés noires, au recours aux amphétamines ; à une culture de la fête et de l'instantanéité. Recrutant largement parmi des jeunes issus des classes populaires qui occupent des emplois subalternes dans les bureaux et services, le mouvement mod peut se lire comme une dénégation ritualisée dans le hors-travail de la domination sociale vécue dans le temps de travail. Il développera, dans l'apparence d'une adhésion enthousiaste aux cérémonies de la consommation, une des tentatives les plus intéressantes de contestation de celle-ci, à travers un détournement souvent inventif des marchandises. Le mouvement succombera finalement au double processus de vieillissement social de sa génération fondatrice et de récupération commerciale par le marché « pop ».