2003
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Jean-Paul Cahn, « La jeune souveraineté allemande à l’épreuve de la guerre d’Algérie (1954-1963) », Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande (documents), ID : 10.3406/reval.2003.5731
Une semaine après la conclusion des accords de Paris de 1954 des attentats marquent le début de la guerre d’Algérie, ouvrant une crise qui mettra en difficulté les relations franco-allemandes, qui conduira à la mort de la Quatrième République et qui contraindra Adenauer à remettre en cause, après le retour de Charles de Gaulle, des aspects majeurs de ses conceptions de politique étrangère. Les succès français dans la lutte contre le FLN font de plus en plus de la RFA un terrain annexe du fait de la guerre – arrivée d’Algériens, trafic d’armes, engage ment de légionnaires allemands dans les opérations militaires, mais aussi dans les putschs, etc. Prise en tenaille entre les exigences françaises de solidarité et les intérêts allemands dans des régions arabes qui soutiennent ouvertement la décolonisation, pressée par l'engagement de la RDA aux côtés des indépendantistes, Bonn se trouve placée dans des situations qui rendent délicate l’affirmation d'une diplomatie à la fois indépendante et crédible. Après avoir soutenu l'«Algérie française» en se plaçant ouvertement aux côtés de Paris, la République fédérale procède à un rééquilibrage circonspect : tandis que son chancelier s'en tient à une fidélité déclamatoire à la France, l’Auswärtiges Amt, aidé en cela à l’intérieur par l’engagement du député d’opposition Hans-Jurgen Wischnewski, de l’extérieur par des maladresses françaises qui entraînent une évolution de l’opinion, parvient à créer les conditions d’un renforcement de son influence dans les régions méditerranéennes – y compris au détriment de Pankow – tout en préservant des liens privilégiés avec la France (dont témoignera particulièrement la signature du traité de l’Élysée).