2011
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Monique Mombert, « Gerhard Fricke et la germanistique à la Reichsuniversität de Strasbourg », Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande (documents), ID : 10.3406/reval.2011.6184
Le cas de Gerhard Fricke (1901-1980), professeur de langue et littérature allemandes qui dirigea, à partir de l’été 1943, le Historisch-Germanistisches Großseminar de la RUS, permet de s’interroger sur la fonction assignée à la germanistique au sein de l’université nazie de Strasbourg, alors que la discipline se définissait dès les années vingt et trente comme une «discipline allemande (Deutschwissenschaft)», notion critiquée à partir des années 1960 par la corporation des germanistes allemands pour l’instrumentalisation à laquelle elle s’était prêtée. Cette interrogation porte sur le traitement de la littérature pratiqué par la germanistique allemande et son usage idéologique tels que les concevait notamment Fricke, l’un des maîtres d’œuvre de l’Aktion Ritterbusch, vaste opération de publication devant attester de la supériorité de l’Allemagne dans le domaine des sciences humaines lancée à partir de 1940. Est évoqué le rôle de ces sciences humaines, référence épistémologique d’une germanistique devenue «Geistesgeschichte» mais rendue ainsi particulièrement perméable aux concepts «völkisch», avant la présentation de quelques aspects de l’évolution de la discipline sous le IIIe Reich, dans ses présupposés théoriques comme dans sa conception de l’enseignement. Ainsi est-il possible d’évaluer la place qu’y occupe Fricke, adhérent au parti nazi dès 1933, membre pendant de longues années de l’université de combat nazie de Kiel, considéré comme fiable sur le plan idéologique par les services secrets nazis, et pour lequel l’activité à la RUS, brève en regard de sa carrière et peu documentée, devait être une sorte de consécration.