1969
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Charles Brillet, « Etude du comportement constructeur des poissons amphibies Periophtalmidæ », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1969.4574
L’étude éthologique de Poissons amphibies Periophtalmidae, menée d’une part dans des serres tropicales, d’autre part dans les mangroves, permet d’apporter des précisions sur la structure de leur terrier et leur comportement constructeur. Dans les mangroves tropicales les Périophtalmes creusent dans la vase des banquettes exondées à marée basse, des terriers pourvus d’un orifice primaire qui est couronné d’un rempart circulaire haut de quelques centimètres. A cet orifice fait suite une courte galerie primaire aboutissant à une chambre souterraine. De cette chambre partent deux autres galeries : l’une vers le haut, symétrique de la galerie primaire, débouche à moins de 10 centimètres du premier orifice et sera à son tour pourvue d’un rempart ; l’autre, vers le bas, s’enfonce dans le sédiment jusqu’à un niveau où l’eau stagne en permanence. Avant de découvrir à Morondava (Madagascar) cette structure du terrier des Périophtalmes, j’avais mis en évidence au laboratoire un schéma dont les différences s’expliquent par les conditions d’élevage : c’est ainsi que la galerie profonde est remplacée par une galerie horizontale qui suit le fond des bacs en ciment, jusqu’à l’eau. Grâce à l’étude en serre tropicale j’ai pu préciser les techniques employées par le Poisson au cours du fouissement, ainsi que le rythme du travail, et distinguer quatre phases dans l’édification du rempart qui surmonte l’orifice primaire. L’observation au laboratoire a permis de formuler des hypothèses sur les facteurs qui déterminent le choix de l’emplacement (contact d’un objet dur, voisinage de l’eau). L’observation dans la nature confirme l’une de ces hypothèses (influence de l’eau — c’est-à-dire du mouvement des marées — sur la construction du terrier) et infirme l’autre. Les fonctions du terrier, d’après l’étude au laboratoire, parais¬ sent multiples. Là encore l’étude dans la nature confirme certaines hypothèses (abri à marée basse et à marée haute, poste d’observation, tion, lieu de repos) et en infirme une autre (refuge contre les prédateurs, à marée basse). Surtout elle révèle le rôle du terrier pendant la période de reproduction : après une parade nuptiale sur la vase exondée, c’est dans son propre terrier que le mâle conduit la femelle.