Ecologie et organisation sociale de Cercocebus galeritus agilis dans le Nord-Est du Gabon

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1975

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R. Quris, « Ecologie et organisation sociale de Cercocebus galeritus agilis dans le Nord-Est du Gabon », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1975.4894


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Résumé En Fr

During the periods of March to May 1972, and April 1973 to May 1974, Cercocebus galeritus agilis was studied in North-East Gaboon. The distribution of Cercocebus galeritus appears to be restricted to periodically flooded forest areas. The troop of monkeys observed during 566 hours has spent 95 % of its time in these flooded forests ; of the 1.98 km2 of the troop’s home range, 78 % of the total surface was to be found in this environment. Moreover, this species prefers the lower strata of vegetation : 63,2 % of the animals observed were found within 5 meters above the ground, and 11.8 % at ground level. The fact of living low in a flooded forest provides C. galeritus with a double protection, firstly against ground predators which do not penetrate the flooded forest except with difficulties, secondly against birds of prey which likewise have difficulties in penetrating due to the dense undergrowth vegetation. Although omnivorous, C. galeritus shows a marked preference for fruit, in absence of which leaves are eaten. Moreover some grasses, mushrooms and even earth can be found in the stomach contents. The diet of C. galeritus resembles more or less that of sym-patric species (such as Miopithecus talapoin, Cercopithecus neglec-tus, C. nictitans, C. pogonias, C. cephus, Colobus abyssinicus, Cer-cocebus albigena, in spite of a few notable differences ; implied therefore is a partial competition between these different species, particularly with Cercopithecus neglectus which shares the same environment and diet, and likewise is semi-terrestrial in habits. One troop was repeatly censused. Troop-size was shown to be variable (8-9 to 17-18 animals), exchange of troop members occuring when one group comes temporarily into contact with another in the overlapping parts of their respective home ranges. In the three troops observed, there was only one adult male, though sometimes in the company of a sub-adult male. Solitary males have been seen or heard on several occasions. The existence of a birth season is presumed (from December to February), corresponding to that observed among the sympatric primate species. Population (6.7 to 12.5 animals per km2) was found to be lower than that of some other sympatric species. This may be due to the fact that the population studied is located on the outer part of the species range. This may also be the result of competition with other species sharing the same environment. The troops of C. galeritus are intermediate in size between those of Cercopithecus neglectus and those of Miopithecus talapoin, which live in the same environment. A troop of C. galeritus is frequently divided into sub-groups, which creates some problems in the maintenance of group-cohesion. Sometimes, on the contrary, two different groups may meet without manifesting any agonistic behaviour betwen adult males in particular. On such occasions a larger «joint-group» is temporarily formed, and some group-members may be redistributed. The adult male of a troop functions not only as leader, but also as warder and defender. These males emit calls of strong intensity, which appear only after sexual maturity. The frequence of emission of these loud-calls probably depends on the male’s sexual activity cycle. As these calls can be heard over a distance of 600 to 1 000 meters they may play a part in regulating inter-and intra-group distance.

Cercocebus galeritus agilis a été étudié dans le Nord-Est du c’est-à-dire à la limite occidentale de son aire de répartition géographique. Ce présent travail est le résultat des observations faites de mars à mai 1972, et d’avril 1973 à mai 1974. Cercocebus galeritus apparaît comme assez strictement inféodé aux zones de forêt périodiquement inondées bordant certains cours d’eau. Une bande de singes observée pendant 566 heures, a passé 95 % de son temps en forêt inondable, et sur les 1,98 km2 de son domaine vital, 78 % étaient situés dans ce milieu. Cette espèce, en outre, occupe préférentiellement les basses strates de la végétation (63,2 % des pointages en dessous de 5 mètres), et colonise même partiellement le sol (11,8 %). Cette double particularité offre certainement à C. galeritus une certaine protection, d’une part vis-à-vis des prédateurs terrestres qui pénètrent difficilement la forêt inondable, et d’autre part vis-à-vis des prédateurs aériens dans la mesure où la végétation dense du sous-bois forme un écran. Bien qu’omnivore, C. galeritus présente dans son régime alimentaire une nette tendance frugivore. L’ingestion de feuilles peut cependant être accrue durant les périodes où les fruits sont plus rares. Dans les contenus stomacaux de singes, on peut trouver de l’herbe, des champignons et même parfois de la terre qui attestent que cette espèce se nourrit en partie au sol. Les variations saisonnières de la production du milieu entraînent des fluctuations dans l’occupation des différentes aires du domaine vital et des différentes strates de végétation. Malgré de notables différences, le régime alimentaire de C. galeritus recouvre plus ou moins celui des espèces sympatriques (Miopithecus talapoin, Cercopithecus neglectus, C. nictitans, C. pogonias, C. cephus, Colobus abyssinicus, Cercocebus albigena), de telle sorte qu’il existe vraisemblablement une compétition alimentaire partielle entre ces différentes espèces. La compétition est certainement maximale avec Cercopithecus neglectus qui est inféodé au même milieu, qui est également semi-terrestre, et qui de plus semble avoir un régime alimentaire voisin. Des dénombrements effectués sur une même bande montrent que l’effectif de cette dernière est variable (8-9 à 17-18 individus). Ces variations sont attribuables à l’immigration et à l’émigration survenant lorsque cette bande entre en contact avec une autre dont le domaine vital est largement superposé au sien. Dans les trois bandes observées, il ne semble y avoir qu’un seul mâle adulte, parfois accompagné d’un mâle subadulte. Mais parallèlement, des mâles solitaires ont été vus ou entendus à plusieurs reprises. L’existence d’une saison des naissances est présumée (de décembre à février), elle correspondrait à celle observée chez les espèces sympatriques. La densité de population (6,7 à 12,5 individus au km2) est inférieure à celle trouvée pour certaines espèces sympatriques. Ceci est peut-être dû au fait que la population étudiée est située à la limite de l’aire de répartition géographique de l’espèce, mais peut aussi être attribué à la compétition existant avec les nombreuses autres espèces utilisant plus ou moins partiellement le même habitat. Les bandes de C. galeritus semblent avoir une taille intermédiaire entre celles de Cercopithecus neglectus et celles de Miopithecus talapoin, espèces inféodées au même type de milieu. Des facteurs phylogénétiques sont sans doute impliqués, en particulier ceux liés à la morphologie ou à l’éthologie de chacune de ces espèces. Une bande de C. galeritus se subdivise fréquemment en sous-groupes, ce qui pose un problème pour le maintien de la cohésion. Parfois, au contraire, deux bandes peuvent se rencontrer sans que soient manifestés de comportements agonistiques entre les individus et en particulier entre les mâles. Il se forme alors temporairement un groupe plus important, mais peu stable. C’est lors de ces rencontres que les échanges d’individus peuvent survenir, et ceci a l’avantage de permettre un brassage génétique propre à éviter la consanguinité. Plus qu’un rôle de leader, le mâle semble avoir dans le groupe un rôle de surveillance et de défense. Il existe des cris de forte intensité propres aux mâles ayant atteint la maturité. Les rythmes d’émission de ces cris sont probablement sous la dépendance des rythmes de l’activité sexuelle du mâle. Leur grande portée (600 à 1 000 mètres) font penser qu’ils jouent un rôle dans les mécanismes de régulation de la distance inter et intra-bande, mais leur fonction exacte n’est pas encore connue.

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