1978
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André Berger et al., « Structure, productivité et régime hydrique de phytocénoses halophiles sous climat méditerranéen », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1978.5007
Des recherches sur le régime hydrique de la couverture végétale (potentiel hydrique et transpiration), les variations de la biomasse végétale (matière sèche, composition chimique et valeur énergétique) et la production primaire ont été effectuées parallèlement à une étude de la composition floristique, de la salinité et de la profondeur de la nappe phréatique le long d’un transect implanté dans une végétation halophile dominée par Salicornia fruticosa et Arthrocnemum glaucum. Les biomasses végétales se sont avérées relativement élevées dans le Salicornietum fruticosae : de l’ordre de 3 kg de matière sèche par m2, alors qu’elles n’atteignent que 0,4 kg m-2 dans l'Arthrocnemetum. L’analyse des variations saisonnières de cette biomasse a permis de situer la production primaire annuelle du Salicornietum fruticosae entre 0,5 et 1 kg de matière sèche par m2, correspondant à un équivalent énergétique de 8-16 MJ m— 2, pour un rayonnement global incident de l’ordre de 6000 MJ par an. Sans atteindre les valeurs élevées qui caractérisent les marais d’eau douce ou les cultures, elle est du même ordre de grandeur que celle d’un peuplement de Quercus ilex étudié sous le même climat. La zone étudiée est caractérisée par la présence d’une nappe phréatique salée (10-45 g 1—1) présentant des oscillations saisonnières de niveau. A une période de submersion hivernale, au cours de laquelle il y a des risques d’asphyxie des racines, succède un assèchement, puis un abaissement de la nappe qui descend jusqu’à environ 70 cm dans le courant de l’été. Cet abaissement se manifeste par une chute du potentiel hydrique dans la vascularisation et par une régulation de la transpiration ; parallèlement on observe un ralentissement très net de la croissance, qui fait que la production primaire est réalisée, pour l’essentiel, en trois mois (mai à juillet). La comparaison de deux zones se distinguant par la salinité de la nappe et le mode d’enracinement a montré la complexité et la nature de certaines relations entre les fluctuations de salinité et de profondeur de la nappe, l’évolution du régime hydrique de la plante et les variations de la biomasse. La répartition des racines en plusieurs strates joue un rôle important dans le maintien du potentiel hydrique de la plante. La présence d’une strate profonde lui permet, en été, de s’affranchir des horizons superficiels, où viennent s’accumuler les sels, et de garder le contact avec la frange capillaire. La présence d’une strate superficielle lui permet, au début de son cycle végétatif, d’éviter l’asphyxie lorsque la nappe est encore proche de la surface.