1978
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L’étude biotélémétrique de la thermorégulation de six espèces de Vipères d’Eurasie tempérée et froide, portant sur 112 jours d’enregistrement continu de la température stomacale d’animaux placés dans des conditions semi-naturelles, apporte les résultats suivants : 1) Lorsqu’elles disposent d’un gradient thermique suffisant, les Vipères en cours de digestion maintiennent leur température interne dans des limites assez étroites (± 1,5 à 2°C de part et d’autre d’une température moyenne, dite température préférée). 2) Cette température préférée est la même chez les six espèces étudiées, quels que soient le sexe ou le stade du cycle annuel entre le 8 mai et le 26 août. 3) La température préférée varie selon le stade de la diges¬ tion. De 32,42° C ± 0,09 au début de la digestion d’une proie pesant de 16 à 28 % du poids de la Vipère, la température préférée passe progressivement à 30,51 ° C ± 0,20 chez des Vipères de grande taille n’ayant plus dans l’estomac que l’émetteur. 4) Les températures maximales spontanément supportées se situent entre 35 et 35,5°C. Le maximum quotidien moyen est 34,46°C ± 0,09 au début de la digestion, 32,32°C ± 0,20 à la fin. 5) Les différentes espèces n’assurent pas leur thermorégulation dans les mêmes micro-milieux, mais le résultat obtenu est le même. Dans l’ensemble, Vipera berus passe plus de temps hors de l’abri et s’expose plus facilement à découvert que les autres espèces Cela ne modifie pas le niveau de la température préférée, mais le laps de temps durant lequel l’animal s’en approche ou l’atteint est plus grand. Il y a tout lieu de penser que la température préférée ne correspond pas à l’optimum physiologique pour une fonction donnée, mais à un compromis entre des besoins différents et peut-être contradictoires. La température préférée étant la même chez les espèces septentrionales et les espèces méridionales, les adaptations aux climats froids portent sur d’autres facteurs, notamment le rythme circadien de l’activité et le besoin de couvert. Les différences interspécifiques sont cependant faibles, et la répartition actuelle des Vipères résulte pour une bonne part de facteurs historiques et d’une forte compétition interspécifique.