1979
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Louis Bigot et al., « Chapitre 6. Structure des communautés animales », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1979.6492
L’étude des biocénoses animales a été limitée aux Invertébrés et aux Protistes et principalement aux Thécamoebiens, aux Collemboles, aux Coléoptères et à certains groupes de Crustacés dont le comportement illustrait bien les caractéristiques et le fonctionnement des milieux en basse Camargue. L’étude de quatre-vingt-quatre prélèvements de sols de Camargue a mis en évidence un peuplement thécamoebien relativement pauvre (40 espèces seulement sur 9 966 individus déterminés) et constitué par des espèces cosmopolites. La diversité spécifique est minimale dans les sols halomorphes. La structure des associations (synusies) est l’indice d’un peuplement jeune, en général non climacique. L’analyse statistique met en évidence des groupements de biotopes en fonction de leur affinité faunistique et des groupements d’espèces distribués en fonction de la salinité et de la disponibilité hydrique du sol. Certains groupements d’espèces (synusies) sont caractéristiques de certaines associations végétales. En ce qui concerne les Collemboles, les stations exondées sont les plus riches qualitativement et quantitativement ; elles sont occupées par un ensemble de Collemboles ubiquistes et eurytopes qui semble capable de supporter des variations microclimatiques importantes, ce qui ne serait pas le cas de nombreuses espèces provençales que l’on ne retrouve pas dans le delta. Le peuplement des Coléoptères présente des éléments particuliers liés aux sols humides et salés. La colonisation des surfaces libérées par le retrait de la nappe se fait à partir des réserves de faune cantonnées dans des milieux exondés : le déplacement des Collemboles est freiné par la teneur en sel élevée du sol, même si la teneur en eau est suffisante, ce qui est le cas dans le groupement à Arthrocnemum glaucum ; en ce qui concerne les Coléoptères, la colonisation est assurée par les éléments d’une communauté originale qualifiée de «ripicole», pauvre en nombre d’espèces, riche en nombre d’individus, supportant de fortes teneur en sel du sol. La présence de mares temporaires joue un rôle capital dans la dispersion de la faune qui, sauf pour une espèce de Collembole inféodée aux berges des eaux (I. palustris), s’effectue toujours des «milieux terrestres» vers les places vides. L’amplitude des migrations est fonction du cycle des eaux. Pendant la période où la nappe est positive, les espèces de Coléoptères frondicoles sont les seules à peupler les milieux inondés. Pour un même type de biocénoses végétales (groupement de salicorne selon la situation géographique du lieu de prélèvement), les peuplements de Coléoptères montrent des différences de richesse et des variations qualitatives et quantitatives parmi les espèces halophiles. Dans les trois biotopes aquatiques étudiés sur les transects de Salin de Badon et de la Gacholle, 62 espèces d’invertébrés ont été récoltés. Dans les étangs, les espèces euryhalines et benthiques dominent le peuplement. Elles se reproduisent tout l’année avec des éclosions plus nombreuses au printemps. Dans les zones à submersion temporaire, beaucoup plus riches en forme aquatique, les Crustacés planctoniques, et parmi eux les Copépodes qui supportent l’assèchement en vie latente, représentent le plus grand nombre d’espèces. Certaines d’entre elles ont, en Camargue, une autoécologie particulière. Leur répartition dépend essentiellement de la durée de période d’inondation, de l’isolement des stations entre elles et de la salinité. L’évolution saisonnière de la biocénose aquatique dans la sansouire inondée montre que les espèces planctoniques sont souvent dicycliques avec deux périodes de développement rapide, l’une en automne, l’autre au printemps.