1993
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Bruno Faivre, « La prédation joue-t-elle un rôle dans la régression de l’Hypolais ictérine Hippolais icterina ? », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1993.2118
L’objectif de ce travail est d’isoler les causes possibles du recul de l’Hypolaïs ictérine Hippolais icterina en Bourgogne, en sympatrie avec H. polyglotta. Les résultats obtenus peuvent être considérés en deux points. — En zone de sympatrie, l’ictérine subit un taux d’échec des nichées beaucoup plus élevé que la polyglotte (62,2 % chez l’ictérine contre 37,5 % chez la polyglotte). Seules des différences comportementales, auxquelles les prédateurs des nids peuvent être sensibles, semblent capables d’expliquer cette différence. Elles portent sur la fréquence des becquées et le degré de méfiance des adultes. Chez l’ictérine, les adultes nourrissent plus fréquemment leurs poussins que chez la polyglotte (en moyenne 3,03 becquées par 10 min. pour l’ictérine contre 2,33 pour la polyglotte ; différence significative à 5 %). — Le taux d’échec total des nichées s’accroît lorsque les deux Hypolaïs nichent au contact direct l’une de l’autre (67,5 % contre 37,5 % pour l’ictérine et 42,15% contre 20 % pour la polyglotte). Ceci peut être expliqué par la distribution des territoires de nidification en agrégats plus populeux lorsque les deux espèces cohabitent directement. De tels agrégats deviendraient alors plus attractifs pour les prédateurs que les agrégats monospécifiques. L’association de ces deux observations nous conduit à formuler l’hypothèse suivante : lorsqu’elles coexistent, les deux Hypolaïs se groupent en taches plus populeuses que lorsqu’elles vivent seules. Ces taches attirent alors plus les prédateurs qui s’attaquent préférentiellement aux nids les plus exposés par le comportement des adultes : ceux de l’ictérine qui régresse.