Interactions agonistiques en fonction de la densité et de la structure dans une population insulaire de mouflons (Ovis musimon)

Résumé En Fr

The Haute island (Kerguelen subantarctic archipelago) population of Corsican Mouflon (Ovis musimon) is characterized by a demographic cycle, with periodic die-offs every three to five years. The frequency of displacement from feeding sites between a period of peak population density (1992) and a period of relative low density that followed a winter crash (1993) were compared. Agonistic interactions that occurred in other situations than feeding competition were also investigated. During both years, mouflons did not interact at random, but mainly selected individuals of their own age-sex class. The frequency of displacements decreased for females and lambs between the two years but remained stable for males. Nevertheless, displacements from feeding sites were very infrequent, even at peak population density. This result suggests a low direct competition for food in this population. In contrast, the frequency of agonistic interactions decreased for all the age-sex classes except the adult males. At peak population density, the frequency of agonistic behaviours was much higher among subadult males than among the other classes. This was due to their frequent involvement in huddles (simultaneous interactions of three individuals or more). The high frequency of subadult male aggressive interactions, with associated high energy expenditure and risk of wounding, could reduce their winter survival probability at peak population density.

La population de mouflons (Ovis musimon, Pallas, 1 802) introduits sur l’île Haute, dans l’archipel de Kerguelen (TAAF), est caractérisée par un cycle démographique marqué, des épisodes de forte mortalité hivernale survenant tous les trois à cinq ans. Les fréquences de déplacements d’individus par un congénère de sites d’alimentation et les taux d’interactions agonistiques ont été comparés entre une période de forte densité et sex-ratio équilibrée (été 1992) et une période de relative faible densité et forte proportion de femelles succédant à un crash hivernal (été 1993). Les deux années, les animaux des différentes classes d’âge et de sexe ont interagi préférentiellement avec des congénères de leur propre classe. Avec la réduction de densité, la fréquence de déplacements d’un site d’alimentation a diminué pour les femelles et les agneaux, mais est restée stable pour les mâles. Ces interactions sont néanmoins très rares et suggèrent une faible compétition alimentaire directe dans cette population. D’autre part, la fréquence des interactions agonistiques a chuté pour toutes les classes, à l’exception des mâles adultes. A forte densité, les mâles subadultes ont interagi beaucoup plus que les autres classes. La plupart de leurs interactions agonistiques sont survenues à l’occasion de mêlées, interactions impliquant simultanément plus de deux individus. La fréquence des mêlées a fortement chuté à faible densité. L’importante participation des mâles à des interactions agressives, impliquant des coûts énergétiques importants et des risques de blessures, pourrait contribuer à réduire leur probabilité de survie hivernale.