1996
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Frank Cézilly et al., « Les stratégies optimales d’approvisionnement », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1996.2192
Compte tenu de leur importance majeure dans la survie et donc finalement dans le succès reproducteur de la plupart des animaux, il ne fait aucun doute que les stratégies d’approvisionnement ont été soumises au cours de l’évolution à un processus d’optimisation par la sélection naturelle. Même dans le cas où les ressources alimentaires ne constituent pas en elles-mêmes un facteur limitant, un animal a encore intérêt à optimiser son comportement d’approvisionnement, ne serait-ce que pour minimiser le temps consacré à cette activité, et pouvoir ainsi s’investir davantage dans d’autres activités. Nous présentons ici une revue de question très générale des modèles qui formalisent les stratégies optimales d’approvisionnement. Il faut entendre par là l’ensemble des règles de décision qui permettent à un animal, dans un contexte énergétique bien défini et compte tenu des contraintes spécifiques et environnementales auxquelles il est soumis, de maximiser le taux net d’acquisition d’énergie, ou de minimiser la probabilité de mourir d’inanition. Les différents modèles qui ont été développés dans ce cadre forment ce que l’on appelle la théorie de l’approvisionnement optimal. Le champ d’investigation de cette théorie concerne essentiellement la composition du régime alimentaire et la répartition spatio-temporelle de l’effort de recherche dans un environnement stochastique hétérogène, qu’il soit discret (c’est-à-dire formé de zones d’alimentation bien définies) ou continu (c’est-à-dire formé de zones d’alimentation définies seulement de manière statistique). On a également considéré le cas particulier d’un animal qui exploite son environnement à partir d’un lieu central où il retourne régulièrement. On a aussi largement abordé les effets liés à la compétition interindividuelle que subissent les animaux s’approvisionnant en groupe. La stratégie optimale d’approvisionnement que formalise tel ou tel modèle correspond à un idéal théorique auquel pourront être confrontées les résultats obtenus sur le comportement d’approvisionnement réel d’un animal en conditions expérimentales ou naturelles. Bien que ces conditions soient souvent bien plus complexes que celles qui ont été initialement introduites dans les modèles, il existe généralement une assez bonne adéquation entre les prédictions théoriques et les résultats observés, parce que les animaux utilisent des règles de décision simples mais robustes qui leur permettent de s’adapter remarquablement bien à la plupart des situations qu’ils rencontrent dans leur environnement naturel.