1996
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Mathurin Tchatat et al., « Genèse et organisation des jardins de case des zones forestières humides du Cameroun », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.1996.2204
La forêt dense camerounaise située entre les latitudes 1° 40' et 6° 30' au nord de l’équateur couvre une superficie d’environ 20 millions d’hectares. Les sols sont ferrallitiques, sous climat équatorial de type guinéen. La population vit essentiellement d’agriculture pratiquée selon l’un des trois systèmes suivants : agriculture sur brûlis avec rotation de jachère ; cacaoyères et jardins de case. Seuls ces derniers ont été appréhendés ici. Ces jardins, situés à proximité des habitations, comprennent une avant-cour, destinée principalement aux plantes ornementales, et une arrière-cour, plus vaste, où sont cultivés les plantes vivrières et les fruitiers. Les jardins sont étudiés selon deux approches : (1) la première, floristique et structurale, a permis de proposer une typologie des jardins et de préciser leur richesse biologique ; (2) la seconde, socio-économique, tente d’expliquer leur genèse, leurs fonctions et leur gestion. L’analyse des relevés floristiques des trois zones étudiées, réalisée par classification hiérarchique ascendante, fait ressortir trois groupes d’espèces classées selon leur cycle biologique et leurs utilisations. Le premier groupe est caractérisé par le maïs, culture annuelle dont le cycle ne dépasse guère quelques mois. Le maïs peut-être accompagné d’autres espèces telles que l’arachide ou le haricot. Le second groupe est constitué par des espèces vivières pluriannuelles (banane plantain, manioc etc.). Le troisième groupe est formé principalement d’espèces fruitières (safoutier, manguier, cocotier, agrumes, etc.) et d’autres arbres à usages divers. Ainsi, chaque jardin est caractérisé par l’un des trois groupes d’espèces, celui qui, dans ce jardin, présente le plus fort recouvrement. On a donc trois types de jardins de case. Les relevés floristiques ont permis de recenser 124 espèces utiles, sans compter les plantes ornementales et les adventices. Ces agrosystèmes, dont la fonction est essentiellement alimentaire bien qu’une partie de la production puisse être vendue, sont principalement gérés par le chef de famille, même si les grandes décisions sont prises en collaboration avec la femme ; la main d’œuvre est familiale.