2001
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Philippe Lebreton et al., « Sur l’organisation biochimique des phytocénoses en milieu dulçaquicole médio-européen », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2001.2353
Dans le cadre d’une étude de l’organisation biochimique des phytocénoses, une analyse des constituants organiques (glucides, tanins, lignine) et minéraux (métaux et métalloïdes biogènes) a été conduite sur 36 espèces végétales terrestres et aquatiques de la Dombes (Ain, France), région d’étangs d’eau douce relevant du biome caducifolié. L’analyse multivariable de ces données phytochimiques révèle une organisation tripolaire du peuplement, basée sur l’opposition pool phénolique / pool minéral (plantes terrestres versus plantes aquatiques) d’une part, cellulose / lignine (plantes aquatiques émergées versus plantes flottantes) d’autre part. Des recoupements sont observés entre profils biochimiques et sectionnement phytosociologique ou processus d’atterrissement. Mais la discussion des résultats se complique du fait que la plupart des végétaux terrestres présents sont des dicotylédones ligneuses, alors que les espèces aquatiques émergées sont majoritairement des monocotylédones herbacées. Cependant, chez les espèces flottantes (dicotylédones ou monocotylédones), les macromolécules pariétales dépendent plus de l’écologie que de la systématique : quelle que soit l’espèce, la lignine l’emporte sur la cellulose, comme chez les plantes terrestres. En ce qui concerne les constituants minéraux, les végétaux aquatiques se montrent généralement plus riches (de 1,5 à 2 fois) que les végétaux terrestres. La teneur en potassium atteint en moyenne 2,9 % chez les végétaux aquatiques flottants, contre 2,2 % chez les végétaux aquatiques émergés et seulement 1,2% chez les végétaux terrestres ; cet élément est considérablement enrichi par rapport à l’eau ambiante (d’un facteur supérieur à 1 000), alors que le calcium ne l’est que faiblement (d’un facteur inférieur à 100). Pour les métalloïdes biogènes, les espèces aquatiques flottantes sont plus riches que les espèces émergées et que les espèces terrestres : 3,7 % contre 2,4 ± 0,4 % pour l’azote ; 0,46 %o contre 0,24 %o pour le phosphore. Ces résultats confirment l’existence d’une organisation biochimique des communautés végétales basée sur les phénols, les macromolécules pariétales et les éléments biogènes ; mais l’hétérogénéité du milieu dulçaquicole étudié (des associations flottantes à la chênaie méso-hygrophile climacique) amène à considérer pour lui-même chacun des trois sous-ensembles ainsi déhmités. Une discussion est amorcée, permettant de généraliser ces constats en confirmant l’existence d’une organisation phytochimique des communautés végétales, en relation avec les notions de « tactiques phytochimiques » et d’allocation des ressources trophiques.