2002
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Bernard Salvat et al., « Restauration d’une zone corallienne dégradée et implantation d’un jardin corallien à Bora Bora, Polynésie française », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2002.6208
Les problèmes de restauration de zones coralliennes, avec transplantations de coraux, sont à l’ordre du jour compte tenu de la dégradation accélérée de cet écosystème à la surface de la planète. Les motivations des recherches dans ce domaine et celles des projets de restauration sur le terrain sont évoquées. Elles répondent à une demande sociale exprimée en fonction de considérations culturelles et économiques. Les projets sont coûteux et ne peuvent concerner que des cas très limités avec des intérêts économiques importants (lutte contre l’érosion, développement du tourisme). À Bora Bora, en Polynésie française, une zone lagonaire frangeante, dégradée par des extractions de sédiment corallien, provoquait une érosion littorale. Son ré-aménagement comporte une restauration physique des lieux (comblement des fosses, réalisation d’épis...) et la mise en place de structures artificielles pour permettre la colonisation naturelle de coraux et autres organismes, afin de jouer le rôle de brise houle. Ce projet s’accompagne de la création d’un jardin corallien avec structures artificielles sur lesquelles sont fixés des transplants de coraux. Deux ans et demi après la fin des travaux, le jardin corallien affiche une communauté corallienne florissante et diversifiée avec très peu de mortalité des colonies transplantées, une croissance normale et la colonisation naturelle de coraux et d’autres organismes des récifs coralliens (oursins, mollusques, poissons). Cependant, un événement météorologique et océanographique exceptionnel, trente mois après la création du jardin corallien, a entraîné une forte mortalité des coraux transplantés comme ceux naturellement en place dans le secteur. Si les techniques nécessaires à la restauration de zones dégradées et à la création de jardins coralliens sont totalement maîtrisées, ces réalisations n’échappent pas aux variations temporelles des conditions de milieu qui peuvent être catastrophiques. Dans un tel cas, comme à Bora Bora en décembre 2001, la restauration physique reste à l’actif de l’opération, mais l’échec de la restauration biologique est à noter. Une étude historique, sur plusieurs décennies, des zones sujettes à des mortalités exceptionnelles s’impose donc avant tout choix de sites pour la réalisation de jardins coralliens dont les coûts sont très élevés.