2014
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Mounira Ouali et al., « Le marais de Joumine, Parc National de l’Ichkeul, Tunisie : diversité floristique, cartographie et dynamique de la végétation (1925-2011) », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2014.1709
La végétation du marais de Joumine (Parc National de l’Ichkeul, Tunisie) a été étudiée entre 2005 et 2011 dans les buts : (1) de caractériser l’état actuel de la végétation du marais sur la base d’inventaires floristiques et de relevés phytosociologiques, (2) d’identifier l’influence des changements hydrologiques interannuels sur la répartition de la végétation, et (3) de reconstruire, sur la base de travaux antérieurs, la dynamique de la végétation sur 86 ans (1925-2011). Les résultats révèlent la réduction, voire la disparition, des espèces inféodées aux milieux temporaires d’eau douce, et leur remplacement par des espèces halophiles, adventices, rudérales et indicatrices de surpâturage. Ces changements dénotent l’artificialisation du marais. La dynamique à moyen terme de la végétation du marais de Joumine (1925-2011) est caractérisée par quatre périodes : (1) avant les premiers aménagements hydrauliques réalisés sur l’oued Joumine en 1948, le marais était dominé par la scirpaie à Bolboschoenus glaucus et Schoenoplectus litoralis ; (2) entre 1948 et la mise en service du barrage de Joumine en 1982/ 83, la scirpaie est restée dominante ; (3) entre 1982-83 et l’été 2002, sous l’effet d’une gestion inappropriée du barrage (sans lâcher d’eau douce), la salinité du marais a considérablement augmenté, provoquant le déclin de la végétation hydro-hygrophile et l’extension de la sansouïre à Sarcocornia fruticosa ; (4) enfin, depuis l’automne 2002, des lâchers occasionnels d’eau douce à partir du barrage de Joumine et la réalisation de nouveaux aménagements sur le canal de Joumine ont conduit à l’inondation et au lessivage du marais. Ces changements ont entraîné le déclin de la végétation halophile au profit de la régénération de la scirpaie. Cette étude met en évidence l’importance du rapport «végétation hydro-hygrophile/ végétation halophile » en tant qu’indicateur de l’état de santé de marais littoraux. Ce rapport, qui apparaît comme un outil simple d’aide à la gestion, peut être exploité à l’échelle de l’ensemble du système lac-marais de l’Ichkeul.