2015
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R. M. Libois et al., « Régime alimentaire et stratégie trophique saisonnière de la Loutre d’Europe, Lutra lutra, dans le Moyen Atlas (Maroc) », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2015.1794
Afin de mieux connaître les capacités d’adaptation et le comportement de prédation de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) dans les régions semi-arides, son régime alimentaire a été étudié dans l’oued Beth, rivière typique du Moyen Atlas et du Plateau Central (Maroc), depuis les zones de sources (Azrou) jusqu’à la retenue collinaire du barrage d’El Kansera. Des échantillons de fèces (épreintes) ont été récoltés méthodiquement dans six localités, sur deux cycles annuels, à raison d’une campagne de collecte par saison. L’étude révèle que le menu des loutres est classique (poissons dominants), très typé et caractéristique des écosystèmes aquatiques en climat méditerranéen sub-humide (en amont) et semi-aride (à l’aval), qui se traduit notamment par la présence singulière de proies comme les reptiles. La richesse spécifique en proies totalise plus de 18 taxons. Par ailleurs, les fréquences d’occurrence et les abondances relatives des taxons consommés ont été calculées à partir des 2444 proies identifiées. Les poissons constituent plus de 75 % des prises (abondance relative) avec une très large prédominance des barbeaux (3 espèces). Les amphibiens anoures constituent 15 % des proies. Le reste est représenté, selon l’importance, respectivement par des insectes, des ophidiens, l’Emyde lépreuse (Mauremys leprosa), des oiseaux, des crustacés et des petits mammifères. Au cours du temps, le régime alimentaire a été modifié : en automne 2010, des Cichlidés introduits dans la rivière, sont apparus dans les proies consommées. La proportion des types de proies a brusquement changé : les Perciformes, assez rares au printemps et en été 2010 (moins de 4 % des proies), ont été multipliés par sept en automne 2010 (27 %) puis ont diminué au printemps et plus encore en été 2011. En été 2011, la proportion des barbeaux a chuté drastiquement, compensée par des salmonidés et, plus encore, par des amphibiens. En été, la proportion des amphibiens et des ophidiens est plus importante. Les variations stationnelles sont fonction des conditions locales : présence d’étangs, pente, vitesse du cours, etc. Enfin, les poissons (salmonidés et barbeaux) de petite taille dominent le régime en nombre : 80 % sont de moins de 10 cm.