2017
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Luca Luiselli et al., « Rehashing bushmeat – interview campaigns reveal some controvrsia about the bushmeat trade dynamic in Nigeriain », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2017.1868
La viande de brousse : des enquêtes révèlent des points de controverse sur la dynamique de son commerce au Nigéria Sur la base d’enquêtes dans le sud du Nigéria, cet article examine (i) si la viande de brousse est toujours une source cruciale de protéines pour les communautés locales, (ii) si elle est toujours culturellement bien justifiée et (iii) si, selon les préférences des consommateurs, des valeurs différentes sont attribuées aux divers types d’espèces constituant cette viande de brousse. De plus, cet article fournit des informations sur la question de savoir (iv) si le commerce de la viande de brousse épuise localement les populations des espèces ciblées, et (v) si la disparition sur les marchés de grands animaux est signe de leur extermination locale. Une combinaison d’entretiens avec des hommes et des femmes de différentes classes d’âge, incluant des chasseurs, consommateurs et vendeurs, a été conduite dans divers localités nigérianes correspondant à différentes conditions d’habitat et de caractéristiques socio-économiques et ethniques. Les résultats suggèrent que la consommation de viande de brousse, en particulier dans les zones urbaines, n’a pas une grande valeur de subsistance, sauf pour une petite sous-section de la communauté. De fait, même dans les zones rurales, moins de 30 % des personnes de moins de 50 ans interrogées ont répondu consommer fréquemment de la viande de brousse. L’importance culturelle de la viande de brousse a substantiellement diminué dans les années récentes, comme en témoigne le fait que (i) cette source de nourriture a été rapidement abandonnée durant la crise d’Ebola en 2014 et (ii) la plupart des personnes interrogées ont affirmé n’en manger que rarement voire pas du tout. Les données recueillies vont dans le sens de ce que le prix d’une carcasse serait principalement déterminé par la taille de l’animal et non pas par la préférence des consommateurs. L’utilisation et le commerce de la viande de brousse peuvent certainement épuiser localement les populations des espèces animales ciblées. Néanmoins, il n’y a toujours pas suffisamment de preuves empiriques de la notion selon laquelle quand les grands animaux disparaissent des marchés cela signifierait que leurs populations auraient été considérablement épuisées voire exterminées. De fait, sur la base d’éléments culturels exposés par les chasseurs interrogés, il semblerait que cette notion soit erronée, du moins en ce qui concerne les régions ouest-africaines les plus riches et les plus économiquement dynamiques. Il est conseillé à ceux qui étudient la viande de brousse d ’ explorer plus en profondeur la flexibilité culturelle des communautés humaines avant de généraliser des conclusions, évitant ainsi d’extrapoler à grande échelle des conclusions insuffisamment fondées car basées sur des données collectées à très petite échelle spatiale et durant de courtes périodes de temps.