1992
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Michel Bellet, « Technologie et territoire: l'organisation comme objet de recherche ? », Revue française d'économie, ID : 10.3406/rfeco.1992.1302
La reconnaissance des formes d'innovation organisées territorialement (technopoles, districts technologiques, mais aussi systèmes nationaux d'innovation...) implique aujourd'hui de revenir sur les fondements de ce qui pourrait être leur analyse économique. En effet, les théories du changement technique, malgré certaines incursions, ont très peu traité de la dimension territoriale des phénomènes d'innovation. De leur côté, les analyses spatiales et les recherches en économie régionale ont éprouvé quelque difficulté à dépasser une conception de la technologie comme «boîte noire», transposée dans un cadre spatial récepteur. C'est seulement dans la dernière période que s'est constitué, des deux versants de l'analyse, un terrain plus favorable à un rapprochement utile : conception évolutionniste de la technologie introduisant la non-linéarité, importance reconnue aux interdépendances marchandes mais aussi non marchandes, et premiers éléments d'analyse économique des effets de proximité spatiale ont commencé à s'articuler. Ce rapprochement s'est concrétisé dans le recours commun à la notion d'organisation, et plus précisément à celle de réseau. Ce recours ne doit cependant pas masquer les différences sensibles entre deux approches: l'une, centrée sur la transaction, l'espace comme distance et la technologie comme information diffusable ; l'autre, centrée sur la coopération, le territoire comme externalité d'apprentissage et la technologie comme processus à spécifier.