1968
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Manuela Semideï, « Les socialistes français et le problème colonial entre les deux guerres (1919-1939) », Revue française de science politique, ID : 10.3406/rfsp.1968.393129
Les socialistes français et le problème colonial (1919-1939) Manuela Semidei Le malaise des socialistes français face au problème colonial et à la montée des nationalismes d'outre-mer paraît remonter à la période de l'entre-deux-guerres. Prise entre des traditions contradictoires, la tradition marxiste orthodoxe qui condamne la colonisation moderne tout en attendant qu'elle entraîne la fin même du capitalisme, et la vieille tradition humanitaire de la gauche française qui insiste sur le respect des droits de l'homme et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la S.F.I.O. se partage en tendances très diverses qui échangent des arguments contraires quant aux avantages et aux inconvénients politiques, économiques et moraux de l'expansion coloniale, la légitimité des nationalismes d'outre-mer et la notion même de « mission civilisatrice ». De 1920 à 1939, les défenseurs de l'idée coloniale, notamment les fédérations d'outre-mer, vont peu à peu faire triompher leur point de vue au sein de la S.F.I.O. qui se rallie à la politique d'assimilation, renonçant en fait au principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Cette évolution de la S.F.I.O. s'explique par des raisons de fait — divisions du mouvement socialiste français, poids des fédérations coloniales, indifférence d'une opinion attachée à ses possessions — mais aussi de doctrine : face au problème colonial, les socialistes se débattent dans une série de contradictions inextricables, les traditions diverses dont ils se réclament, marxisme, pacifisme, internationalisme, humanitarisme, pouvant en fait aussi bien servir à justifier la colonisation qu'à la condamner.