1969
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André Mathiot, « La Cour suprême des États-Unis à la fin de l'administration Johnson », Revue française de science politique, ID : 10.3406/rfsp.1969.393153
La cour suprême des Etats-Unis à la fin de l'administration Johnson, par André Mathiot Par contraste avec bien des périodes antérieures, les quinze dernières années ont été, pour la Cour Suprême, celles d'un "activisme" comparable à celui de la Cour de John Marshall ou du temps du New Deal et d'un engagement politique "libéral" ou progressiste qui ont grandement attiré l'attention. De l'énorme ensemble des décisions, parfois tranchantes, parfois nuancées, qui ont été rendues sous la présidence d'Earl Warren, deux grandes tendances se dégagent. L'une, favorable à plus d'égalité et d'uniformité, s'est surtout manifestée sur le terrain de la lutte contre discrimination et ségrégation raciales et en matière de droits politiques. L'autre a favorisé, contre le pouvoir de la majorité (au niveau fédéral et au niveau des Etats), la défense des libertés des individus et des groupes et celle des minorités. C'est un certain type d'adaptation du droit aux besoins de la société américaine que la Cour a réalisé ou envisagé. En s'érigeant en "conscience de la nation", en orientant l'action de l'Exécutif, du Congrès, des autorités des Etats, elle a dressé contre elle tous ceux qui, dans l'opinion et au Congrès, désapprouvent cette orientation. Le grave échec du président Johnson, qui n'a pu, avant la fin de son mandat, faire accepter par le Sénat la nomination d'Abe Fortas comme successeur du Chief Justice démissionnaire, pose la question de la composition de la Cour dans l'avenir et montre à nouveau quelle importante rançon comporte le gouvernement des juges.