La participation et les élites dans un système politique en crise : le cas de la Turquie

Résumé En Fr

Elite participation in a political system in crisis: Turkey, by Ali Kazancigil The political system in Turkey is going through a crisis caused by direct military intervention in political life. On the basis of political modernisation theories, military intervention is seen as the reaction of the bureaucratic elites which traditionally dominate the political system to growing political participation and to the rise of "civilian" elites. This reaction stems largely from their prescriptive-political system of values, and also from the threat that these changes represent for their status, prompting them to "block" the system, bring about an institutional "retrogression" and confine participation by the vast majority of people to the functioning of the political system. On this latter point, they are supported by the "civilian" elites, i.e. the industrial bourgeoisie above all. With regard to the struggle between the two elite groups, the civilian elites are growing increasingly powerful as the country becomes more industrialized. In the final analysis, what is at stake in this crisis is Turkey's transformation from a feudal-bureaucratic to an industrialized society dominated by the industrial bourgeoisie. [Revue française de science politique XXIII (1), février 1973, pp. 5-32.]

La participation et les élites dans un système politique en crise : le cas de la Turquie, par Ali Kazancigil Le système politique turc traverse une crise du fait de l'intervention directe des militaires dans la vie politique. En se servant des théories de modernisation politique, l'intervention des militaires est perçue comme la réaction des élites bureaucratiques, qui dominent traditionnellement le système politique, à la participation politique croissante et à la montée des élites "civiles". Cette réaction provient en grande partie de leur système de valeurs prescriptif-politique et aussi des menaces que ces transformations constituent pour leur statut, ce qui les incite à "bloquer" le système, à lui faire subir une "régression" institutionnelle et à limiter la participation des masses au fonctionnement du système politique. Sur ce dernier point, elles ont le soutien des élites "civiles", c'est-à-dire surtout de la bourgeoisie industrielle. Quant à la lutte entre ces deux groupes d'élites, à mesure que le pays s'industrialise les élites "civiles" deviennent de plus en plus puissantes. En dernière analyse, ce qui est en jeu dans cette crise, c'est la transformation de la Turquie, d'une société féodale-bureaucratique en une société industrialisée, dominée par la bourgeoisie industrielle. [Revue française de science politique XXIII (1), février 1973, pp. 5-32.]