1974
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Alain Rouquié, « Le vote péroniste en 1973 », Revue française de science politique, ID : 10.3406/rfsp.1974.418717
Le vote péroniste en 1973, par Alain Rouquié Les interprétations traditionnelles du phénomène péroniste insistent sur le caractère affectif de la fidélité des masses argentines au mythique général Péron. Une telle approche peut-elle rendre compte de la victoire électorale du mouvement justicialiste en mars 1973 ? Pourquoi l'électorat argentin a-t-il amené les péronistes au pouvoir après dix-huit ans de proscription et sept ans de dictature militaire ? Un examen des résultats de l'élection présidentielle de mars 1973 permet de considérer que le vote péroniste, étonnamment stable depuis 1946, obéit à des motivations politiques relativement rationnelles. Le péronisme, en raison de ses caractéristiques intrinsèques et de sa place dans le système politique argentin, a su canaliser les mécontentements contradictoires des couches défavorisées des secteurs sociaux et économiques négligés ou injustement traités par les précédents régimes. L'attachement à la personne du général Péron, la nostalgie de la prospérité passée et l'idéologie autoritaire du mouvement n'ont joué qu'un rôle secondaire. Paradoxalement, le vote péroniste a été en 1973 un vote pour la démocratie et le pluralisme politique. [Revue française de science politique XXIV (3), juin 1974, pp. 469-499.]