Le dépérissement de l'État. À propos de L'acteur et le système de Michel Crozier et Ehrard Freidberg

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1980

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Bruno Jobert et al., « Le dépérissement de l'État. À propos de L'acteur et le système de Michel Crozier et Ehrard Freidberg », Revue française de science politique (documents), ID : 10.3406/rfsp.1980.393931


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Résumé En Fr

control by many different initiatives based on actual finalities and not on values and ideologies. The sociology of Michel Crozier also rejects the model of the rational actor and that of the constraining System ; similarly, it rejects all models of social change which account for breakdowns in terms of central contradictions leading to radical conflicts and recommending the government through structural change. It leads therefore to a " non-political theory of the political " lacking any reference to questions of general interest, legitimisation, the political community, citizenshig, relations between power and dominion, and conflict polarisation. The result is the concept of a political system without any specifie content, a neutral variable between the massive determinants comprised by cultural traits and the major economie controls on one hand, and indeterminate and arbitrary Systems of action on the other. Crozier's sociology thus achieves a " sublimation of politics ", corresponding to the crisis of the State and of the related Hegelian theory. It is the sociology of an (imaginary) withering away of the State.

La sociologie de Michel Crozier provoque les politistes à une nouvelle réflexion sur leur objet. Elle analyse la société comme un réseau de « systèmes et action » qui sont tous politiques, mais où aucun centre politique n'est décelable. Ceci découle, entre autres, d'une conception particulière du Pouvoir, considéré comme le contraire de la contrainte ; des systèmes d'action, dont le fonctionnement n'est pas déductible des positions occupées par les acteurs dans la structure sociale ; du changement social, analysé comme contingent, indéterminé et maîtrisable par de multiples initiatives fondées sur des finalités vécues et non sur des valeurs et des idéologies. La sociologie de Michel Crozier refuse également le modèle de l'acteur rationnel et celui du système contraignant ; de même, elle rejette tout modèle de changement social rendant compte des ruptures en termes de contradictions centrales menant à des conflits radicaux et recommandant le gouvernement par le changement de structures. Elle conduit ainsi à une « théorie non politique du politique » d'où a disparu toute référence aux problèmes de l'intérêt général, de la légitimation, de la communauté politique, de la citoyenneté, des rapports entre pouvoir et domination, de la polarisation des conflits. II en résulte la conception d'un système politique sans contenu propre, variable neutre entre les déterminants massifs que constituent les traits culturels et les grandes régulations économiques, d'une part, et les systèmes d'action indéterminés et arbitraires d'autre part. La sociologie de Crozier réalise ainsi une « sublimation de la politique », correspondant à la crise de l'Etat et de la théorie hégélienne qui lui est liée. C'est la sociologie d'un dépérissement (imaginaire ?) de l'Etat.

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