Des usages de la « diversité » : éléments pour une généalogie du multiculturalisme américain

Fiche du document

Date

1999

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.



Citer ce document

Daniel Sabbagh et al., « Des usages de la « diversité » : éléments pour une généalogie du multiculturalisme américain », Revue française de science politique, ID : 10.3406/rfsp.1999.395385


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

On the uses of «diversity»: a contribution to a genealogy of american multiculturalism Over the last two decades there has been an underlying superposition in the American public debate oft\vo, originally unconnected, discursive themes : racial equality and cultural pluralism. The notion of « diversity » and its reinterpretation given in a 1978 Supreme Court decision dealing with the constitutionality of affirmative action policies, Regents of the University of California v. Bakke, stands as the main conceptual link between these two issues. A conflict-solving mode contingent on litigation, the celebration of diversity spread gradually to various sectors outside its initial framework. While it does present some advantages when compared to the competing paradigm of corrective justice as a justification for affirmative action, it also faces insurmountable contradictions. At the very time that most recent empirical research tends to suggest that the policy should be conceived as an instrument toward the progressive deracial-ization of American society, along the lines of Ronald Dworkin 's « contextualist » and « consequentialist » approach, the side effects of the 1978 legal shift will not soon fade away : American multiculturalism should be understood partly as a by-product ofthejuridicialization of social conflicts.

On a pu observer au cours des deux dernières décennies la superposition tendancielle dans le débat public américain de deux registres discursifs initialement disjoints : la thématique de l'égalité raciale et celle du pluralisme culturel. C'est la notion de « diversité », et la réinterprétation dont celle-ci a fait l'objet dans un arrêt de la Cour suprême de 1978 afférent à la constitutionnalité des politiques d'affirmative action, Regents of the University of Cali­fornia v. Bakke, qui constituent le principal point d'articulation entre ces deux enjeux. Mode de résolution contingent d'une controverse juridique, la valorisation de la diversité a gagné peu à peu différents secteurs extérieurs à son cadre d'émergence initial. Si elle présente effectivement un certain nombre d'avantages comparatifs par rapport au paradigme concurrent de la compensation en tant que justification de la discrimination positive, elle recèle égale­ment à cet égard d'insurmontables contradictions. Alors même que les travaux empiriques les plus récents tendent à suggérer que le dispositif devrait plutôt être conçu comme un ins­trument de déracialisation progressive de la société américaine, selon la perspective contex-tualiste et conséquentialiste qui est celle de Ronald Dworkin, les effets secondaires de l'inflexion jurisprudentielle de 1978 ne sont pas près de s'estomper : le multiculturalisme américain apparaît bien en partie comme un produit dérivé de lajuridicisation du règlement des conflits sociaux.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en