2004
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Amadou Boureima, « Patrimoine communautaire et conflits d'usage dans deux villages du Zarmaganda au Niger / Communuty patrimony and usage conflicts in two villages of Zarmaganda in Niger. », Revue de Géographie Alpine, ID : 10.3406/rga.2004.2281
: Des études menées dans deux villages du Zarmaganda ont fait ressortir un ensemble de constats inquiétants : les sols en présence sont pauvres pour la plupart, soit naturellement, soit du fait des activités humaines. Celles-ci ont favorisé le lessivage des sols fragilisés par la pauvreté du complexe argilo-humique, entraînant ainsi des mécanismes d'érosion par le départ des particules de surface plus fines qui laissent la place à une couche de sable peu fertile et très sensible au déficit hydrique. Les eaux de surface, formées à la faveur de la saison pluvieuse, sont très peu abondantes et soumises également à une très forte pression. Les eaux souterraines sont difficilement accessibles, la nappe étant souvent à plus de 80 m de profondeur. La biodiversité végétale connaît également une certaine régression. Les activités humaines ont considérablement réduit le couvert herbacé et ligneux. Cette situation compromet l'élevage extensif des bovins. La bonne terre qui constitue la principale ressource, est accessible à une minorité de personnes, descendant de la chefferie. Les pratiques d'exploitations agricoles et pastorales, qui ont connu des lentes transformations au cours de ce siècle, sont rendues obsolètes et inopérantes par un effectif de population en augmentation rapide. Ces constats nous amènent à émettre un certain nombre d'hypothèses : l'accès (l'appropriation) aux ressources naturelles, notamment la terre, est sélectif et donc fonction du statut social. La tendance à un fort taux d'accroissement de la population ne s'accompagne pas d'une évolution conséquente des pratiques d'exploitation du milieu. Les conflits vécus sont moins inhérents à la rareté des ressources collectives qu'aux modalités d'accès à ces dernières, ainsi qu'à un faible développement des stratégies alternatives. La démarche consiste à saisir dans leur ensemble les différentes transformations subies par le milieu et à mettre en évidence les innovations internes développées par les populations. Nous tentons ainsi de répondre à quelques interrogations : dans les années à venir, comment les populations pourront-elles répondre à la diminution croissante de leurs ressources naturelles ? Entrevoit-on, dans la gestion des ressources, les prémices de leur restauration, ou même leur augmentation ? Quelles modalités d'accès des différents acteurs aux ressources pourraient-elles infléchir la propension aux conflits ?