1979
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Robert-Francis Cook et al., « Un manuscrit composite de cycle épique : le cycle de la Croisade dans le manuscrit de Londres », Revue d'Histoire des Textes, ID : 10.3406/rht.1979.1177
Le manuscrit Londres, B. L. Add. 36615, datant de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle, contient, en 281 folios sans décoration, une version tardive, mais très développée du Cycle de la Croisade. Après avoir rappelé qu'il a fait partie autrefois de la collection Barrois-Ashburnham, les auteurs en donnent une description détaillée. Ils identifient six groupes ou sections de feuilles, et au moins cinq copistes dont les écritures et la langue assez voisines nous orientent vers l'Ile-de-France. D'après les marginalia, le manuscrit aurait circulé aux XIVe et XVe siècles, en Angleterre ou dans les pays angevins. L'ensemble subsistant de trente-cinq cahiers est manifestement incomplet. A l'origine, il devait avoir entre 310 et 322 folios, soit quarante ou quarante et un cahiers, et comporter un texte de plus de 60.000 alexandrins. Parmi les douze autres manuscrits connus du Cycle, seule la rédaction de Turin (L-III-25) a des dimensions voisines. Le manuscrit de Londres est composite, et il faut exclure ici le cas de scribes travaillant tous sous une même direction. Les auteurs signalent, en effet, une différence nette de format entre les feuilles des trois premières sections du manuscrit (copistes A, Β et C) et les trois dernières (D et E). Sont décrites aussi les irrégularités contenues dans certains cahiers : cahiers courts et feuilles interpolées ou laissées en partie vierges. Cette étude examine en détail le texte copié par le scribe C, au f. 164, c'est-à-dire à la fin de la troisième section (que l'on retrouve, pour l'essentiel, dans le manuscrit Paris, B. N. fr. 12569), et celui transcrit par D à partir du folio suivant. Cette comparaison permet aux auteurs d'identifier plusieurs modèles à la disposition des copistes pour les branches tardives du Cycle, et d'énoncer quelques hypothèses concernant l'agencement particulier, d'ailleurs imparfait, des différentes sections. La rédaction londonienne du Cycle a été rassemblée au début du XIVe siècle à partir de cahiers ou manuscrits disparates et indépendants, peut-être par un collectionneur amateur de la matière épique des Croisades, revêtant une forme cyclique élaborée. C'est dire que l'histoire légendaire du Royaume latin de Jérusalem inspirait toujours de nouvelles suites, et que l'organisation en cycle de textes épiques, même par des moyens factices comme dans le cas présent, suscitait encore un intérêt littéraire à cette époque.