1985
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Colette Jeudy, « Le Scalprum Prisciani et sa tradition manuscrite », Revue d'Histoire des Textes (documents), ID : 10.3406/rht.1985.1253
Le Scalprum Prisciani, dont l'auteur a retrouvé en partie le plus ancien témoin dans un manuscrit de Chartres porté comme disparu depuis le bombardement de 1944, nous est parvenu au moins à travers cinq manuscrits des XIe et XIIe siècles : Chartres, Bibl. mun. 56 ; Leiden, Bibl. der Rijksuniversiteit, B. P. L. 154 ; London, Brit. Libr., Addit. 18181 ; Mîinchen, Clm. 14763, et Rouen, Bibl. mun. 1407. Il est mentionné aussi dans cinq catalogues de bibliothèques de communautés religieuses médiévales parmi les livres concernant le trivium. Transmise anonymement, l'œuvre était à l'origine considérée comme une anthologie des Institutiones grammaticae de Priscien et porte le titre d'excerptum. C'est seulement au XIIe siècle, semble-t-il, qu'apparaît le titre de Scalprum tiré en fait du prologue : « Ad formandum grammaticae medicationis Scalprum... ». Il puise certainement sa source dans le livre III du De nuptiis Philologiae et Mer- curii de Martianus Capella, où la Grammaire apparaît comme un médecin tirant de sa trousse un scalprum pour supprimer les fautes des langues des enfants. Poursuivant l'utilisation métaphorique du scalpel ou flebotomum dans les commentaires de Jean Scot et Rémi d'Auxerre, l'auteur anonyme a tranché dans les seize livres de Priscien, en procédant comme pour une saignée, et constitué ainsi, dans son nouveau manuel, le scalpel de la médication grammaticale.