1993
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Bernard Pouderon, « L'utilisation des manuscrits grecs dans les éditions et traductions d'Athénagore au XVIe siècle », Revue d'Histoire des Textes, ID : 10.3406/rht.1993.1386
La première édition imprimée du texte grec d'Athénagore est celle que publia Pieter Nanninck en 1541, simultanément à Parie et à Louvain ; elle ne contenait que le De resurrectione, texte grec et version latine. Nanninck disposait d'un seul manuscrit, aujourd'hui perdu, mais qui appartenait nécessairement à la famille du Parisinus gr. 174 (P), dont il présente les variantes caractéristiques, auxquelles s'ajoutent des variantes propres qui permettent d'exclure l'hypothèse que Nanninck ait eu en mains Ρ lui-même. Il est même permis d'affirmer qu'au sein de la famille de P, c'est plus précisément au groupe des « manuscrits italiens » que se rattache l'exemplaire utilisé par Nannius. Quelques années plus tard, en 1557, à Genève, parait la première édition complète de l'œuvre d'Athénagore. Elle est due aux bons soins d'H. Estienne, qui réunit dans un même volume le texte grec et la traduction du De resurrectione établie par Nanninck, et le texte grec et la traduction latine de la Legatio établis par C. Gesner, et inédits à ce jour. Pour son travail, Gesner a utilisé un seul manuscrit aujourd'hui perdu, mais qui appartenait nécessairement à la famille dite du « manuscrit perdu » dont Schwartz a montré l'existence. À cette famille se rattachent le codex qu'utilisera quelques années plus tard Sjurd Peeters pour sa traduction latine, et le Monacensis 81, un codex sur papier du XVIe s., qui est la copie la plus proche de l'exemplaire que Gesner eut entre les mains, mais non le Bononiensis 1497, comme le croyait Otto. Estienne ne publia pas aveuglément le texte fourni par Gesner et Nanninck, mais il l'amenda en utilisant deux autres manuscrits, le Parisinus 450 (C) et un Sirletianus (famille de N). Les éditions qui suivirent (Lange à Bâle en 1565 et S. Peeters à Cologne en 1567) offrent un moindre intérêt. Bien plus importante, en revanche, la parution entre 1567 et 1578 des Bibliothecae SS. Patrum, publiées par Marguerin de la Bigne, à Paris, le premier grand corpus des Pères, qui n'offre au lecteur que la version latine des auteurs grecs, mais qui marqua la fin du siècle et le début du siècle suivant ; elles reprennent cependant sans changement les traductions de Gesner et Nannius.