2006
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Charles Rearick et al., « La mémoire des Grands Boulevards du XIXe siècle », Romantisme, ID : 10.3406/roman.2006.6432
Cet article analyse les représentations sociales qui ont structuré les discours historiques dominants sur les Grands Boulevards du XIX e siècle. Deux versions de l’histoire des Boulevards ont investi la mémoire populaire. La première, établie par les mémorialistes de la seconde moitié du XIX e siècle, soutenait que la vie du «Boulevard» avait atteint son zénith à l’époque des «dandys», de Balzac et du café Tortoni, soit entre les années 1820 et les années 1860. Si les auteurs ont pu diverger au sujet de la décennie la plus emblématique de l’apogée, ils s’accordaient en revanche pour souligner que cette heure de gloire avait été suivie d’une longue phase de déclin conduisant au «tournant du siècle», époque considérée •selon une vision élitiste et xénophobe •comme celle de la plus déplorable décadence du Boulevard. Ce modèle de mise en intrigue a persisté dans les écrits sur le Boulevard jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand une nouvelle image positive des années 1900 a émergé, en même temps qu’a été définie la nouvelle période historique qualifiée de «Belle Époque». Après 1945, convaincus par cette interprétation séduisante, les historiens populaires ont créé et diffusé la mémoire d’un nouvel âge d’or pour les Grands Boulevards, les décrivant comme des espaces restés animés et à la mode jusqu’au déclenchement de la Grande Guerre.