1997
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Liliane Vana, « Les relations entre juifs et païens à l'époque de la Mishna : la question du banquet privé », Revue des Sciences Religieuses, ID : 10.3406/rscir.1997.3397
Souhaitant éviter une coupure totale avec le monde ambiant et cherchant à établir un modus vivendi avec les païens, les Sages à l'époque de la Mishna mettent en place un dispositif de halakhot (lois) ayant pour objectif, entre autres, de réglementer les relations sociales entre Juifs et païens en Judée romaine. On est étonné de constater que, parmi les règles édictées on peut compter la commensalité. Du point de vue de la halakha les Juifs étaient autorisés, à titre privé, de partager la table avec les païens à condition d'observer les règles alimentaires juives (îcashrut). Une autre halakha permet aux Juifs, sous certaines conditions, d'entrer dans les sanctuaires païens et d'utiliser leurs installations, notamment les bains, les auberges, les jardins et les fontaines, sans que la présence d'idoles ne fasse obstacle. Certains Juifs de la Diaspora pénétraient dans le téménos pour prendre part à des banquets privés en veillant au respect rigoureux des règles de la kashrut et à l'absence de sacrifices et par conséquent d'idolothytes à la table de leurs hôtes. Ils s'y rendaient alors avec leur nourriture, leur vin et leurs propres serviteurs. Bien que n'étant pas expressément interdite au IIe siècle, cette pratique était sévèrement critiquée par leurs coreligionnaires vivant au pays d'Israël. Ces derniers finiront par la prohiber vers la fin du IIIe siècle en décrétant une nouvelle halakha. En revanche, les uns et les autres continueront à partager la table avec les païens dans un cadre privé et la commensalité restera légalement permise. Étudiée du point de vue de la halakha cette question révèle un aspect méconnu des relations entre Juifs et païens en Judée romaine aux premiers siècles de notre ère.