1980
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Philippe Bossis, « La foire aux bestiaux en Vendée au XVIIIe siècle. Une restructuration du monde rural », Études rurales, ID : 10.3406/rural.1980.2633
Foires et marchés aux bestiaux tiennent une place exceptionnelle en Vendée : « le pays aux bœufs ». Les pâtures variées occupent parfois 75 % des flnages et de 15 à 30 % de la superficie des fermes. La densité du gros bétail, une tête pour 2 ha en moyenne, est très supérieure à celle des openfields céréaliers. On élève le bétail pour sa force de travail principalement, mais on engraisse les bœufs réformés. Le métayage, les baux à cheptel « institutionnalisés » qui assurent 8 à 10 % de profit, multiplient les bailleurs : marchands, fermiers (généraux et partiels), officiers, curés, bourgeois et paysans aisés. Quelques-uns représentent les nobles qui ne pratiquent pas, sauf exception, le foirail. Les preneurs à cheptel sont métayers ou laboureurs, bordiers ou closiers (de 75 à 90 % des paysans). Ainsi donc, deux groupes, séparés d'ordinaire par leurs fonctions sociales, se retrouvent, s'informent et « officient » — pour certains plusieurs fois par mois — à la foire, dans le parler paysan; contraints au jeu de l'offre et de la demande, de la spéculation et du crédit : nécessités économiques devenues habitudes et moyens de (re)connaissance sociale.