1987
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Michel Verdon, « La production paysanne. Eléments pour une nouvelle économique », Études rurales, ID : 10.3406/rural.1987.3212
L'histoire rurale québécoise des XVIIIe et XIXe siècles présente avec celle du Nord-Est américain des convergences qui ne sont pas sans rappeler l'histoire rurale française, et qui soulèvent les mêmes problèmes théoriques. Comment en effet comprendre le comportement paysan, ses réticences vis-à-vis du marché, son conservatisme même ? Deux positions s'affrontent ; l'une, formaliste et s'inspirant de l'économique néo-classique, suppose partout une rationalité commerciale et explique le comportement paysan en termes d'échecs et d'imperfections du marché. L'autre, anti-formaliste, postule l'existence d'une rationalité paysanne non-commerciale. Mais alors que les formalistes savent dériver par une série de corollaires contenus dans la situation de marché un ensemble de comportements qui expriment cette rationalité commerciale, les autres ne réussissent pas à asseoir leurs observations sur une axiomatique qui puisse rivaliser avec l'économique néo-classique. Invoquant ici Chayanov, là Marx ou même Kroeber. ils se contentent de postuler une orientation autarcique, ou domestique, de la production paysanne. C'est le but explicite de cet article que d'esquisser les premiers traits d'une telle axiomatique, et de déduire, à partir d'une définition serrée de l'organisation sociale de la production et de la propriété paysanne, les caractères principaux de sa rationalité propre et d'en dériver presque tous les faits relevés par l'historiographie, tant formaliste qu 'anti-formaliste.