1983
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Richard Dahl et al., « Ophiolites des nappes de Semail (Oman) : nouvelles données de terrain sur les parties plutoniques supérieures des massifs de Rustaq et de Nakhl », Sciences Géologiques, bulletins et mémoires, ID : 10.3406/sgeol.1983.1626
Cet article présente les données de terrain concernant les unités plutoniques supérieures de la nappe ophiolitique de Semail dans les massifs de Rustaq et de Nakhl. Six coupes de référence sont décrites en détail, partant de la zone de transition entre tectonites et cumulats et allant jusqu'au complexe filonien ou aux laves en coussin. Une attention particulière a été accordée aux variations longitudinales des unités lithologiques : dans la partie nord-ouest du massif de Rustaq, les coupes sériées effectuées sur un segment de 10 km de long montrent une diminution considérable de l'épaisseur des cumulats magmatiques, qui passent de plus de 3 000 m à environ 400 m d'Est en Ouest, les gabbros isotropes montrant en revanche un épaississement notable. Cette remarquable évolution correspond selon nous à la terminaison longitudinale de la chambre magmatique, qui viendrait se bloquer vers le N W contre une zone de fractures transverse fossile (zone du Wadi Hawasinah). Par ailleurs, la plupart des séries à cumulats étudiées commencent directement par des gabbros lités au niveau du «Moho » pétrologique, et non par des cumulats ultrarnafiques de transition comme cela a été décrit dans d'autres parties de la nappe de Semail. Ces cumulats montrent une stratification généralement lenticulaire à toutes échelles, ce qui rend impossible les corrélations à distance d'une coupe à l'autre. Des intrusions de wehrlites ou dunites à plagioclases à différents niveaux de la séquence cumulative indiquent clairement que des liquides primaires de composition picritique s'élaborent par fusion partielle dans les péridotites du manteau supérieur sous-jacent et montent à travers la pile de cumulats déjà formés au plancher de la chambre. En outre, de nombreux filons et filonnets de gabbros leucocrates recoupent l'ensemble de la séquence cumulative litée, formant par endroits un véritable réseau anastomosé dans les couches les plus ultrarnafiques (wehrlites, dunites) : nous les interprétons comme des liquides résiduels issus des couches gabbroïques en cours de consolidation, injectés par «filtre-presse » et fracturation hydraulique dans les couches voisines, en particulier dans les couches ultrarnafiques précocement consolidées et donc compétentes au moment de la fracturation. D'autres types de brèches magmatiques ont été observés plus haut dans la série, au niveau de la zone de transition entre cumulats lités et gabbros isotropes : ces brèches extrêmement hétérogènes, à grain fin à pegmatitique, comportent une matrice gabbroïque à dioritique cimentant des éléments de composition variée (cumulats gabbroïques à ultrarnafiques, gabbros isotropes et même diabases ...) ; elles correspondent vraisemblablement à la zone de rencontre des deux fronts de cristallisation (au plancher et au toit de la chambre), dans les parties distales de celle-ci.