1997
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Bernhard Schlamadinger et al., « Bioenergy strategies and the global carbon cycle. / Stratégies bioénergétiques et cycle global du carbone », Sciences Géologiques, bulletins et mémoires, ID : 10.3406/sgeol.1997.1951
Stratégies bioénergétiques et cycle global du carbone Les stratégies bioénergétiques sont perçues comme des options utiles à la réduction des émissions de CO₂ dans l'atmosphère. Les émissions de carbone issues de la combustion de fuels fossiles peuvent être évitées si la biomasse est considérée comme un réservoir d'énergie, puisque dans un système bioénergétique le CO₂ est absorbé par les plantes puis relâché lors de la combustion. Cependant, le bilan carboné bioénergétique doit aussi tenir compte des modifications induites des quantités de carbone stockées dans la végétation, la litière des plantes et les sols. Par exemple, une réduction du contenu net de carbone bioterrestre conduit à une augmentation de la même quantité dans l'atmosphère, et vice versa. La bioénergie est souvent produite en association avec d'autres biens, comme les produits en bois. Dès lors, le bilan carboné doit tenir compte du carbone stocké dans les produits de la biomasse, et des effets de substitution de la biomasse à d'autres matériaux coûteux en énergie comme l'acier ou le béton. GORCAM (Graz -Oak Ridge -Carbon Accounting Model) est un modèle développé sur logiciel tableur qui a pour but de calculer le bilan carboné en fonction de la gestion des terres et des stratégies d'utilisation de la biomasse en sylviculture et en agriculture. Parmi les paramètres d'entrée du modèle, il est tenu compte des caractéristiques du mode de gestion (durées de rotations, intensité des coupes, taux de croissances...), de l'occupation antérieure des terres, de la dynamique du carbone dans le sol et la litière, du devenir des récoltes (bioénergie, durée de vie variée de la biomasse selon son utilisation). Il est également tenu compte de la substitution des combustibles fossiles par la bioénergie, du rendement énergétique de la biomasse, et de la production de biens à partir de la biomasse en remplacement d'autres matériaux plus coûteux en énergie. La consommation de combustible fossile nécessaire à la gestion du milieu et à la conversion de la biomasse est aussi prise en compte. Les résultats du modèle révèlent que le bilan carboné résultant d'une nouvelle gestion des terres et de l'utilisation de la biomasse dépend fortement de la quantité initiale de carbone sur le site, du taux de croissance, de l'efficacité de l'utilisation des récoltes, et de l'échelle de temps considérée. Pour des taux de croissance élevés et une utilisation efficace des récoltes, la principale composante du bilan carboné s'avère être la substitution des combustibles fossiles. Certaines stratégies débouchent sur une diminution significative des émissions nettes de carbone dès leur début (e.g. rotation forestière rapide sur d'anciens terrains agricoles). La coupe de forêts existantes mène au début à un dégagement ou à un stockage de carbone, selon l'efficacité d'utilisation de la récolte. Dans le cas d'une source initiale nette, le bilan carboné peut revenir à nouveau vers des valeurs positives (puits) lors de la repousse de la forêt au terme d'une période fonction du taux de croissance de la forêt et des autres facteurs mentionnés ci-dessus.