2012
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Christine Bracquenier, « Les « circonstances » chez les grammairiens russes du XVIIIe siècle », Revue des Études Slaves, ID : 10.3406/slave.2012.8219
c’est au XVIIIe siècle que naissent les notions grammaticales de «circonstanciel » sous la plume de l’abbé gabriel girard en 1747, et de «circonstances » (obstojatel′ stva) dans la Rossijskaja grammatika de Mixail Lomonosov en 1755. Pour Lomonosov, le mode d’expression privilégié des circonstances est le syntagme prépositionnel, et l’adverbe en est l’expression abrégée. Il ne parle pas des adverbes ou des groupes prépositionnels comme d’éléments modifiant le verbe, mais il se place au niveau de l’énoncé, présentant les circonstances comme l’expansion de la phrase ; il faudra attendre plus de deux siècles pour que cette caractéristique des circonstants soit prise en compte par les linguistes. Pour ce qui est de l’ordre des mots, chez l’abbé girard c’est le «feu de l’imagination » , pour Lomonosov c’est le «libre cours des pensées humaines » qui permettent de modifier en russe l’ordre des mots canonique / sujet – verbe/. L’analyse de la langue de n. karamzin montre que ce n’est ni le «feu de [ son] imagination » , ni le «libre cours de [ ses] pensées » qui gèrent le choix de l’ordre des mots chez lui, mais plutôt le désir et la nécessité qu’il éprouve de produire un texte cohérent, dans lequel les idées s’enchaînent de la manière la plus satisfaisante et la moins coûteuse pour l’énonciataire et cela lui permet de placer le circonstant en tête de phrase s’il a besoin de poser le cadre spatio-temporel de son énoncé, que les «circonstances » soient connues ou non de l’énonciataire.