2007
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Enora Le Bleis, « L’artiste dans la littérature fantastique russe : les incertitudes d’un personnage sacralisé », Slovo (documents), ID : 10.3406/slovo.2007.1387
Les Nuits russes (Russkie noči, 1844) du prince Odoïevski, Le Portrait (Portret, 1842) de Nicolas Gogol, Le Chant de l’amour triomphant (Pesn’ torže stvujuščej ljubvi, 1881) d’Ivan Tourgueniev et enfin Le Maître et Marguerite (Master і Margarita) de Mikhaïl Boulgakov sont autant d’œuvres qui explorent, sur le mode fantastique, les différentes facettes de l’artiste, afin de mieux saisir la nature complexe et insaisissable de son talent. Bien que composées à des époques différentes, elles s’accordent pour souligner l’ambivalence et la fragilité d’un personnage humain, faillible, investi d’une mission sacrée qui le dépasse bien souvent. A travers les erreurs et les échecs de héros, incapables d’assumer leur vocation et de consentir aux sacrifices qu’elle suppose, ces récits interrogent le mythe romantique de l’artiste, sacralisé par le pouvoir théurgique qui lui a été accordé. Matérialisant les forces occultes à l’œuvre dans le processus de création, ou les désirs obscurs qui animent l’âme et l’esprit de l’artiste, le fantastique révèle la dualité intrinsèque d’un être évoluant, de par sa vocation même, hors des normes connues et connaissables de la société, de la religion et de la raison - placé en équilibre instable sur le fil dangereux du génie et de la liberté créatrice.