1984
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Pierre Darmon, « Les premiers vaccinophobes », Sciences Sociales et Santé, ID : 10.3406/sosan.1984.984
Pierre Darmon : Les premiers vaccinophobes. Vers le début du XIXeme siècle, la pratique de la vaccination antivariolique s'étend à plusieurs régions du monde. Dans tous les pays où elle réussit à s'imposer, elle parvient à faire régresser la mortalité variolique dans d'impressionnantes proportions. Les vaccinateurs doivent pourtant surmonter de multiples obstacles relatifs à l'absence de procédés de conservation du fluide vaccin ou à la difficulté de s'en procurer. Au regard de ces inconvénients majeurs, l'opposition dogmatique à la vaccine pèse d'un poids dérisoire. Elle n'en existe pas moins, incarnée par une poignée de médecins qui ne cesse d'agiter l'épouvantail d'une dégénérescence de l'espèce humaine sous l'effet de l'insertion d'une humeur bovine aux propriétés mal connues. La vaccination jennerienne serait donc le véhicule de tous les maux et, à plus long terme, elle présenterait pour l'humanité un danger supérieur à celui de la variole elle même. Mais confrontée à l'efficacité de la nouvelle méthode, la doctrine des vaccinophobes de la première heure fera long feu. De leur militantisme, l'histoire n'a gardé que le souvenir d'une agitation stérile et d'une mythologie riche d'enseignements.