Du bon usage de la différenciation Éclairage psycho-sociolologique et anthropologique sur le handicap

Résumé Fr

Dans un premier temps, m’appuyant sur divers travaux, j’illustre l’ampleur des résistances à l’intégration et des stratégies ségrégatives. Elles sévissent non seulement dans les faits mais jusque dans certains discours qui les légitiment quelquefois de manière étonnamment radicale. Dans un second temps, me référant aux hypothèses de l’anthropologie relationnelle en philosophie de l’éducation, je développe l’idée que ces processus pour devenir intelligibles doivent être mis en parallèle avec d’autres processus perçus par les acteurs comme des menaces. La réaction ségrégative «sacrale » , est le contrecoup d’un danger d’indifférenciation. Celle-ci, vivement ressentie par les groupes et les acteurs, bien étudiée par certains anthropologues, est généralement occultée par la modernité qui ne peut la nommer. Elle commence à être dévoilée par quelques travaux en sciences sociales et sciences de l’éducation. Par contraste avec les dérives de l’exclusion et de l’indifférenciation, je souligne l’enjeu civilisationnel que représente le choix d’une véritable intégration dans l’égalité et la justice, non seulement sur le plan de la citoyenneté mais sur le plan de l’intersubjectivité et de la personne comme fin en soi. Envers et contre tout, le défi d’intégration reste à relever, sous peine de régression dans la barbarie. Pour terminer sur une note plus optimiste, je montre comment dans certaines de ses initiatives l’école actuelle est déjà le laboratoire d’une «fabrication » de l’intégration au quotidien. Je m’appuie tout particulièrement sur la découverte de la pratique et de la formation des auxiliaires d’intégration, un de ces métiers promoteurs de «la tierce personne » .