Les Grands Mammifères de la grotte de Cioarei (Borosteni, Roumanie): repaire de carnivores et halte de chasse

Fiche du document

Date

2000

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.


Sujets proches Fr

Caverne

Citer ce document

Marylène Patou-Mathis, « Les Grands Mammifères de la grotte de Cioarei (Borosteni, Roumanie): repaire de carnivores et halte de chasse », Annales d'Université "Valahia" Târgovişte. Section d'Archéologie et d'Histoire (documents), ID : 10.3406/valah.2000.872


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

La grotte de Cioarei a livré un remplissage contenant plusieurs niveaux archéologiques moustériens et gravettiens. Ces occupations auraient débuté durant le complexe de réchauffement de Borosteni et fini durant le complexe interstaiaire d’Ohaba (soit, entre 55-50000 B. P. et 23-21000 B. P.). Les restes de grands mammifères, exceptés ceux des ours des cavernes, sont pauvres et relativement mal conservés. Les carnivores, notamment les ursidés, dominent le spectre faunique. Leur rôle dans l’origine et l’histoire des assemblages osseux est important. Les Moustériens n’ont chassé que quelques cerfs, aurochs et bouquetins. Durant ces occupations, la grotte a servi de haltes de chasse. Au Gravettien, la chasse apparaît plus intensive et le rôle des carnivores plus anecdotique (exception faite de celui des ours qui demeure important. Les Gravettiens ont abattu les mêmes espèces que leurs prédécesseurs et des sangliers. Durant cette période, le site peut être assimilé à un campement saisonnier (probablement estival). La grotte “ des corbeaux” (Pestera Cioarei) s’ouvre à 350 m d’altitude sur le flanc sud des Carpates méridionales (“ Alpes de Transylvanie”), en Olténie. Elle est creusée dans un éperon calcaire du Jurassique, les Monts Vîlcan, à environ 30 m au-dessus de la rivière Bistricioara (sur la rive gauche), affluent de la Bistrita. Située en bordure de vallée protégée du vent froid du Nord par la chaîne de montagne, cette grotte bénéficie d’un microclimat où plusieurs biotopes peuvent se développer. Il s’agit d’une petite grotte, d’environ 85 m2 de surface au sol, longue de 27 m, large d’au plus 7 m et bien exposée au soleil (orientée Sud-Ouest). Elle est constituée d’une salle au sol en forme de cuvette qui se prolonge, vers le fond, par un large couloir. L’entrée primitive était vaste et précédée d’une terasse. Des fouilles y furent menées par C. S. Nicolaescu-Plopsor et C. N. Mateescu en 1954, puis de 1973 à 1980, par M. Bitiri et M. Cârciumaru. Depuis 1990, M. Otte, M. Ulrix-Closset et M. Cârciumaru y poursuivent des recherches (Otte, Ulrix-Closset et Cârciumaru, 1996). Les 4-5 m de dépôts pléistocènes semblent d’origine détritique (glissements, de la terrasse vers l’intérieur de la grotte, de sédiments argilo-sableux contenus dans des mélangé aux éblouis de l’entrée. Différentes périodes d’occupation ont été constatées lors des fouilles : moustériennes à la base, gravettienne, puis modernes eu sommet (Otte, Ulrix-Closset et Cârciumaru, ibid.). Les âges fournis par des datations C14 (Honea, 1993), les analyses palynologiques et de la microfaune s’accordent pour situer les principales occupations moustériennes durant la première phase du dernier Glaciaire ou complexe Interstadiaire Nandru (Terzea, 1987 ; Cârciumaru, 1992). Plus précisément, la couche géologique est daterait de la fin de l’Interglaciaire Borosteni, les couches G et H du complexe climatique Nandru A (phases 1 et 2) et la J de la phase Nandru 4a (Cârciumaru et al., 1995). Le matériel lithique est présent dans tous les niveaux moustériens avec une plus grande abondance dans les niveaux E, G, H et J. Les niveaux inférieurs (A à D) n''ont livré que très peu de matériels et les derniers (M et N) que de rares artefacts isolés (Figure 1). Dans le niveau O, un riche matériel attribué au Gravettien a été découvert. La matière première est variée, 22 catégories de roches ont été reconnues. La diversité des roches locales disponibles dans le lit de la rivière, qui draine le plateau et dans les affleurements rocheux, a sans doute attiré les Paléolithiques (Muraru, 1987). Les roches métamorphiques et magmatiques (quartzites, granites, quartz et diorites) sont les roches les plus abondamment utilisées dans les niveaux moustériens (Cârciumaru, Moncel et Cârciumaru, 2000). L''industrie de ces niveaux est homogène tout le long de la séquence ; elle est attribuée au “Charentien oriental” ou Moustérien Typique (Otte, Ulrix-Closset et Cârciumaru, ibid.). Le débitage sur place n’a pas été prouvé ; les hommes semblent avoir recherché principalement des éclats à dos à long tranchant et à dimensions variées (Cârciumaru, Moncel et Cârciumaru, ibid. ). Dans le niveau J (secteur VI), un “bola” ( ?), boule de carbonate de calcium “ lourd” (nature différente de la roche des parois) a été retrouvé. Cinquante-cinq blocs d'un colorant minéral rouge et jaune rouge (oligiste ?) furent également découverts, dans 5 niveaux moustériens, principalement en E (48,6 %), F (16,2 %), J (11,06 %), et en O (1,58 %). De plus, 7 “godets à ocre” en calcite ont été exhumés, 6 du niveau E et 1 du niveau F (plus un 8 ème en cours de fabrication). Ils ont été façonnés, par raclages, à partir d'extrémités de stalagmites (5) et de croûte stalagmitique (2) (Cârciumaru et al., 1995). La présence de foyers est attestée dès le niveau E et des traces de fumées sont visibles sur les parois de la grotte. En F et en H, de grandes dalles calcaires, quasiment planes, sont disposées sur un même niveau (un peu en creux, sorte de “fosse”), autour la couleur des sédiments est plus foncée à cause de la présence de très nombreux charbons de bois disséminés ; il a été noté également une plus forte concentration d'ossements, d'ocre et d'outils. La faune des niveaux moustériens des anciennes fouilles a été déterminée par E. Terzea (ibid.). L''Ours des cavernes (espèce dominante dans tous les niveaux) et le Cerf élaphe (assez abondant) sont quasi-omniprésents. Nous présentons ici les résultats des analyses du matériel faunique exhumé lors des fouilles de 1985 et 1986. P. Auguste a étudié les restes d''Ursidés (SP).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en