Lettre de Pierre-Joseph Amoreux à Jean-François Séguier, 1776-07-10

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[fol. 93] A Montpellier ce 10 juillet 1776 Monsieur, Je réponds à deux de vos lettres qui se sont succédées et même à une troisième qui les avait précédées le commencement du mois de juin. Le supérieur de la Merci m’a dit qu’il n’y avait d’autres formalités à obtenir concernant le legs, que de faire un reçu au légataire qui comptera la somme donnée par le défunt. J’ai demandé qu’on me produisît un exemple d’un pareil reçu. Celui dont on m’a donné copie et que je vous envoie est des plus propres à fournir tous les renseignements possibles aux personnes que cela intéresse, puisqu’il concerne un pareil legs fait à Nîmes. Il n’y a qu’un an et compté par Messieurs les administrateurs de l’Hôtel-Dieu, chez qui on prendra les informations nécessaires. [fol. 93v] Je n’eus pas le bonheur de me trouver chez moi avant-hier lorsque Son Excellence Monseigneur l’ambassadeur de Venise me fit l’honneur d’y venir pour me remettre votre lettre. Je fus hier lui faire ma cour. Il me combla d’honnêteté et la manière dont il tourna la conversation prouve combien les gens de mérite et bien nés savent se mettre à portée de tout le monde. Il eut la politesse de me parler presque que de médecine, des médecins et des académies. Il m’apprit plusieurs anecdotes touchant feu M. Morgagni avec qui il était particulièrement lié. Ce seigneur restera ici jusqu’à vendredi. J’irai tantôt lui rendre encore mes devoirs et le premier si je peux, car il m’a annoncé qu’il voulait me voir chez moi. Je vous remercie infiniment de m’avoir procuré cet honneur. Je voudrais être dans le cas de mieux mériter votre confiance et de pouvoir fixer un moment l’attention des étrangers, car leur montrant mon cabinet qui est encore dans ses caisses, mais qu’auraient-ils de curieux à voir après avoir vu le vôtre ? Les empreintes sur l’ardoise que vous possédez ont beaucoup plu au seigneur vénitien. [fol. 95] Je vous suis aussi fort obligé de la connaissance que vous m’avez fait faire avec M. Oberlin professeur de Strasbourg. Il vit aussi avec plaisir le commencement de notre bibliothèque publique de médecine. Il y prit même quelques notes : nous lui fîmes voir notre observatoire et le rudiment de notre cabinet de minéralogie. On est tout honteux de montrer haillons à des étrangers qui ont vu ailleurs tant de L’achat de la maison de feu M. Haguenot pour notre académie est une affaire manquée. Les lenteurs sont le défaut dominant de notre compagnie. Le changement de ministère nous aurait fait appréhender la non-réussite de cette affaire et tandis qu’on demandait des éclaircissements à Monseigneur l’archevêque de Narbonne et qu’on attendait la réponse, un négociant de cette ville très empressé de faire cette acquisition à vingt-huit mille cinq cents livres. Il est notoire que cet édifice avait coûté plus de soixante mille livres à M. Haguenot. Le concours pour la chaire de feu M. Venel va toujours son train. Les six athlètes font de leur mieux, mais il n’y a qu’une couronne à donner. J’imagine que vous serez bien aise d’avoir les thèses lorsqu’elles paraîtront après les vacances. Je me dispose à vous les envoyer. Conservez-moi toujours une part dans votre amitié qui m’est des plus précieuses. Je suis avec toute la reconnaissance et le respect possible, votre très humble serviteur. Amoreux fils méd. [fol. 95v] A Monsieur M. Séguier Secrétaire perpétuel de l’académie A Nîmes [fol. 93 bis] j’ai reçu de messieurs les administrateurs de l’Hôtel-Dieu de Nîmes et par les mains de M. Malafosse, la somme de trois cents livres d’un légat fait par M. Ségoulet chanoine pour les pauvres esclaves laquelle somme avons mise dans le dépôt des pauvres esclaves en présence des religieuses de la communauté à Montpellier ce 14e octobre 1775. Signé le syndic de la Merci. Personnes citées Giovanni Battista Morgagni (1682-1771), médecin de Padoue, originaire de Forli, considéré comme l’initiateur de l’anatomo-pathologie.

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