Lettre de Jean-François Séguier à Pierre Cusson (minute), s.d. (1770)

Fiche du document

Date

1770

Discipline
Type de document
Langue
Identifiant
Licences

CC-BY-4.0 , Bibliothèque Carré d'Art, Nîmes


Mots-clés 0

Botanique


Citer ce document

Jean-François Séguier, « Lettre de Jean-François Séguier à Pierre Cusson (minute), s.d. (1770) », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.648e82e1


Métriques


Partage / Export

Résumé 0

"[transcription] Monsieur Je suis fort sensible à l’honneur que vous me faites de me demander mon sentiment sur quelques plantes dont vous voulés parler dans l’ouvrage très utile que vous préparés. La pluspart des Umbellifères ont souvent embarrassé les plus savans botanistes et il y en a plusieurs qui malgré les méthodes des descriptions et les figures qu’on en a donné, causent bien de l’embarras et on ne peut se décider qu’en les comparant l’une à l’autre. Ce n’est que par la comparaison des deux plantes du Ligusticum Pyrenaicum de Tournefort et du Ligusticum que j’ai décrit dans mes Plantae Veronenses qu’on peut connaitre aisément la différence de l’une à l’autre. Je vais répondre à vos quattre demandes. Après vous avoir fait observer que Gouan m’a envoyé deux plantes différentes qu’il a cru être le même ligust. ampliss. tenuique de Tournefort, l’une a été envoyée à Mr Linné et je vais parler d’abord de celle-ci, je parlerai ensuite de l’autre. 1° Je persiste à soutenir que la 1ère plante que Mr Gouan m’a envoyée et qu’il a cru être [mots rayés] le Ligusticum Pyrenaicum amplissimo tenuique folio de Tournefort est totalement différente du Ligusticum perenne ferulae folio floribus albis dont j’ai donné la figure dans la pl. 1.3 de mes plantae Veronenses. Les feuilles de la ferule à laquelle je l’ai comparé sont celles de la Ferula glauco folio &c de B. Bauhin [mots rayés] qui y ont quelque ressemblance. Mr Gouan a envoyé son Ligusticum Pyrenaicum à Mr Linné, qui le rapporte, suivant que Mr Gouan m’a marqué, au Selinum Carvifolia, mais malgré toute la déférence que je dois avoir pour les décisions du Coryphée des botanistes, je crois que ce Ligusticum ne peut s’y rapporter. 2° Les différences des deux plantes sont que le selin. carvif. qui s’élève qu’à la moitié de hauteur de mon ligusticum qui dès la racine a dans les aisselles des feuilles des pedicules à umbelles et à chaque nœud, tandis que celles du ligust. de Gouan ne commencent pas si bas à ce que je crois. Les feuilles du Lig. Pyr. ne sont pas si étendues que celles de mon ligusticum qui ont environ un pied de haut sur huit pouces dans leur plus grande largeur. Elles se divisent comme celles de la ferula glauco folio en plusieurs petits rameaux, dont ceux qui sont près du pédicule de la feuille ont jusqu’à 5 ou 6 pouces de long. [fol. 207v] Chaque Ligula ou pinne est allongée, étroite, linéaire et semblable au petit échantillon que vous trouverés ci-joint que j’ai détaché de mon exemplaire. Vous voyés que ces ligules sont fort différentes de celles du ligust. pyr. de Gouan, et ne peuvent convenir au selinum carvifolia, qui n’est qu’une espèce de Thysselinum suivant la méthode de Tournefort. Rien n’est plus difficile que de déterminer en ce que c’est que le carvifolia de Bauhin. Il me faudrait écrire une très longue lettre pour vous rappeler tout ce que les auteurs en ont dit. Voyés les Plantae gissenses de Dillenius qui a mieux discuté que tout autre cette question, et où il en donne une très bonne description. J’ajoute encore que mon ligusticum croit dans les sommets du Mont Baldi et que le selinum carvifolia ne se trouve que dans les prés qui sont dans les plaines. D’ailleurs ce même selinum n’a qu’un involucrum […] et mon ligusticum n’a pour toute enveloppe qu’un ligula persistens d’environ demi pouce de long. 3° Je ne connais que Tournefort qui aie fait connaitre cette plante et qu’il a nommé ligusticum pyrenaicum amplissimo tenuique folio Inst. R. H. 323. Dans un vieux herbier que j’achetai où il y avait la même plante qui à ce que je crois venait de Mr Magnol, elle n’avoit pas d’autre nom et par ce qu’il m’en reste il m’a paru que celle de Gouan n’en diffère pas. Boerhaave dans son Inst. Alt. Pl. H Lugd. Bat. p 51 avait soupconné que le Ligusticum Pyrenaica dont nous parlons était le même que le Ligusticum Ferulae folio de Tournefort. Je le soupconnai aussi d’après lui, mais il n’y a pas apparence que Tournefort ait voulu désigner la même plante sous deux dénominations apparentes, et a bien examiner les deux plantes que Gouan m’a envoyé, il faudrait rapporter la première, celle qui a été mandée à Linné, au Ligusticum Ferulae folio Inst. p. 324 et l’autre dont la feuille est exactement découpée au ligusticum pyr. amplissimo tenuique folio Inst. P.323 et Mr Gouan se rappelera que lorsque je vis cette seconde plante, je me déterminai aisément à la croire un ligusticum. Ainsi je regarderois ces deux espèces comme non observées avant Tournefort, et vous pourriés les décrire d’après les échantillons que Mr Gouan en a rapporté et d’après ses observations en nommant le mien ligusticum, ligusticum nodiflorum. Permettés moi de vous observer que mon ligusticum que les herboristes du véronois appellent le faux meum, n’est point le meum spurium de Morison, le seseli montanum de Linné Sp. Pl. alter. edit. p.371 et que Tournefort a rapporté aux Faenonils. 4° Je conserve dans mon herbier deux espèces d’Apium Pyrenaicum Thapsiae facie que Mr Pontedera professeur de botanique à Padoue m’envoya à Vérone et que je cultivai. Mr Gouan m’envoya en 1766 une feuille d’une plante que je rapportai tout de suite à l’un d’eux [mot rayé] à celle [mot rayé] de Tournefort. Aucune des deux n’a aucun rapport aux deux ligusticum envoyés par Gouan. Il n’y a aucune apparence que le vieux [fol. 208] herboriste qui au tems de Tournefort, envoyait les racines de l’apium pyrenaicum pour le faux turbith, appeloit apium pyrenaicum ce qu’il devoit nommer ligusticum pyrenaicum amplissimo tenuique folio, dont les feuilles ont quelque ressemblance avec celles de quelques espèces de Thapsia ; et Casp. Bauhin remarque que le Turbith des boutiques en Espagne n’est que la racine de Thapsia : Turbith off. et Hispanica officinae Thapsia radicii pro Turpecto legitimo utuntur Pin. p. 149. et on pourrait bien encore faire cette illusion aux apothicaires de Montpellier. C’est ainsi que j’ai vu un herboriste ignorant qui apportait de la Lozère des racines de la […] pour celles d’une Angélique qu’il appeloit Angélique d’Espagne. Erreurs qui se perpétuent et qui sont nuisibles au genre humain. Je ne doute pas Mr que le projet que vous avés formé ne soit très utile : mais vous avés entrepris un travail pénible qui vous présentera des difficultés sans nombre : vos connaisssances et votre constance surmontera comme je l’espère toutes ces difficultés. Si par mes livres et la confrontation des plantes que j’ai dans mon herbier, je puis vous être utile, je me ferai un plaisir de confronter les échantillons que vous m’enverrez et de délucider autant que mes connaissances le permettront les doutes que vous voudrés bien me communiquer [mots rayés] mais vous avés à Montpellier notre ami Gouan dont les connaissances sont infiniment plus étendues que les miennes et auxquelles vous pourrez recourir. Il m’a promis de me venir voir incessament, je souhaite qu’il tienne parole et que ce ne soit pas de ces promesses vaines dont il m’a bercé plus d’une fois. J’ai tenté de ramassr le plus d’umbelliferes que j’ai pu, et j’en ai un bon nombre dans mon herbier. Je vous en mets ici la liste de quelques unes d’un de mes portefeuilles. [liste] Je n’ai pas mandé cette liste. [fol. 208 v] J’ai demandé [liste] [fol. 209] [description latine du Sium siculum radix, main non identifiée]"

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en