Lettre de Pierre Cusson à Jean-François Séguier, 1774-10-03

Résumé 0

"[transcription] À Montpellier le 3 octobre 1774 Mon cher maître Je vous remercie de la plante ombellifère que vous m’avés envoyé. C’est le seseli annuum Lin. J’ay à vous demander la grace suivante : faittes moy la faveur de me pretter pour les examiner, tous les selinum silvestre Lin. et les selinum palustre Lin. que vous avés dans votre herbier. Mr Jacquin vient de me brouiller en m’écrivant que la plante ombellifère qu’il m’avait envoyée sous le nom de selinum palustre et reconnüe telle par tous les botanistes autrichiens, envoyée à Mr Linné avoit été dite par le botaniste suédois son selinum silvestre. Ce qui est dit dans le mantissa 2a par Linné parait d’accord avec ce qu’il a écrit à Mr Jacquin. Surement je vous ay mal nommé vos selinum, et je suis à même de me corriger, Linné m’ayant envoyé depuis quelques jours [fol. 171v] son selinum palustre. Que les descriptions de Linné sont imparfaites sur certaines plantes ; que son mantissa 2a est fautif ! Si l’eryngium amethistinum est encore bon à sécher, donnés m’en un échantillon d’une tige entière, coupée en 2 s’il le faut et un peu de graine ; à force d’en donner, j’en suis presque dépourvu ; un peu de graines s’il vous plait, bonne à semer. Mes respects je vous prie à Mr Baux. Si Mr Baux dans son jardin ou dans le votre avés quelque ombellifère neuve, ou intéressante, faittes moy le cadeau d’un échantillon avec feuille radicale. J’ay été assés heureux que de trouver l’herbier de Mr Chicoyneau chés Mr Menuret ; il m’en a pretté le cayer des ombellifères et j’y ay trouvé ce que j’avois, en fort petite quantité ; et en fort grande ce que je n’avois pas. C’est-à-dire que j’y ay trouvé une quinzaine d’ombellifères du levant en fleur pour la plupart. Cela m’a donné l’envie pour la gloire de l’illustre Tournefort de faire connaitre [fol. 172] en les réduisant à leur vray genre et en les décrivant de mon mieux, les ombellifères du corollaire de Tournefort. J’en ay demandé à Mrs de Jussieu et Salvador. Encore je n’ay rien recu. Je crois pourtant qu’ils enverront. Je vous demande de même, en prêt seulement celles qui sont dans votre herbier. Je ne prens pas la peine de vous dire celles que j’ay. Elles sont éparses dans mon herbier et le travail serait long. Prenés la peine de m’extraire toutes celles que vous avés. Peu importe quand plusieurs seront les mêmes que les miennes. Vos échantillons peuvent avoir quelque partie mieux conservée que la même partie dans les miens. Ajoutés y en de petits paquets toutes les graines que vous aurés des ombellifères du corollaire, quatre à cinq de chaque espèce. Choisissés les entières et non sindées tant qu’il se pourra. J’ay un besoin extrême de ces graines pour m’assurer du vray genre des dittes ombellifères. S’il faut aussy vous renvoyer les graines, je m’y soumets. Indiqués moy les livres d’où vous avés extrait les vertus des ombellifères mentionnées dans votre botanicum de Vérone. Je fonds la cloche cet hiver. J’ay l’honneur d’être avec estime, devouement et reconnaissance Mon cher maître v. t. h. et t. o. sr. Cusson méd. [fol. 172] Par hasard auriés vous reçu quelque volume de l’Hortus vindebonensis et du flora austriaca de Mr Jacquin, ou connaissés vous quelqu’un de vos amis qui en eut reçu ? Réponse s’il vous plait à cette question. A Monsieur Monsieur Séguier A Nîmes"